L'histoire :
Une légende raconte que jadis le tigre était blanc et qu’aucune velléité n’existait entre les animaux de la forêt, car tous étaient frères et d’aucun n’aurait songé à dévorer son pair. Mais un jour, alors que deux cerfs se livraient à un traditionnel combat de dominants, l’un d’eux blessa involontairement un tigre à la patte. Dans une rage folle, le félin planta ses crocs dans la gorge du cerf et poussa l’autre, jusque dans un précipice, où l’animal fit une chute fatale. Le seigneur éléphant appela alors la forêt à dénoncer le responsable de ce carnage. Les lianes, les épines, les branches se mirent alors à se resserrer au passage du tigre, marquant définitivement son pelage de rayures. C’est de ce genre de légendes dont se souvient le vieux Mowgli malade, alors qu’au crépuscule de sa vie, il est revenu au cœur de la jungle qui l’a vu grandir. Il évoque également la trêve de l’eau. Cette année là, la sécheresse est telle, que tous les animaux, des plus carnivores aux plus paisibles, doivent s’abreuver auprès d’une unique marre encore approvisionnée. En cette conjoncture exceptionnelle, les animaux scellent une sorte de pacte de non agression. Shere Khan, le tigre le plus sournois des environs, en profite alors pour tenter de se restaurer au village des hommes. Outre sa sustentation, son objectif n°1 vise l’accomplissement d’une vieille vengeance envers le jeune Mowgli…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Difficile de s’atteler à une nouvelle interprétation des Livres de la jungle de Rudyard Kipling, sans commencer par le début. L’enfance de Mowgli dans la jungle, élevé par des loups, puis protégé par la panthère Bagherra et l’ours Baloo, a depuis été popularisée et simplifiée pour les enfants grâce au dessin animé de Walt Disney. Débarrassé de ce passage obligatoire dans le tome 1, Stephen Desberg peut à présent s’atteler à des extraits inédits, de fait plus intéressants, en trois temps dans ce deuxième volet. Après le mythe de l’origine des rayures du tigre (voir résumé), place à la fameuse Promesse du titre : les deux ennemis Mowgli et Shere Khan se sont jurés la mort l’un à l’autre. Etant donné que ces aventures sont évoquées par un Mowgli vieillard, vous imaginez bien lequel sortira vainqueur de la confrontation. Enfin, Desberg nous narre le plan de Mowgli pour protéger les siens d’une attaque de Dholes, une meute de chiens rouges tueurs. Bref, ce second épisode est plus proche de l’esprit de l’œuvre de Kipling, c'est-à-dire une véritable ode à la jungle sauvage, qui exalte le respect d’autrui et de la nature. Certes, le dessin d’Henri Reculé (storyboard et crayonnés) et de Johann de Moor (encrages et couleurs) pèche toujours dans le rendu zoomorphique de certains protagonistes à poils. En effet, loups et tigres se révèlent une nouvelle fois un ersatz assez moyen entre le recopiage réaliste et l’utilisation d’expressions humaines, affichant souvent des rictus un peu grotesques. Sans doute aussi, le duo de dessinateurs y aurait gagné à faire une meilleure place au décor sauvage, via les vues panoramiques de la jungle et de la savane, nettement plus réjouissantes, mais bien trop rares.
