L'histoire :
À l’automne, la communauté des schtroumpfs s’affaire à une vaste cueillette de champignons, myrtilles et baies diverses à travers la forêt. Mais le soir venu, dans le réfectoire, trois schtroumpfs manquent à l’appel : le costaud, le gourmand et le peureux. Les autres s’inquiètent et partent aussitôt faire des recherches nocturnes, en compagnie du Grand Schtroumpf. Les trois olibrius finissent par sortir d’un bosquet, tranquillement, un sourire béat sur le visage, arguant qu’ils n’ont pas vu schtroumpfer le temps. Bizarre, bizarre. Le lendemain, le problème se reproduit, mais cette fois il manque six schtroumpfs, le soir venu ! Ces retards sont vraiment trop suspects pour le Grand Schtroumpf, qui autorise le Schtroumpf à lunette à espionner la petite bande dès le lendemain. Ce dernier les suit donc à distance, jusqu’au trou aux renards. Dans une cavité, au creux des racines d’un arbre mort, il comprend alors : les six schtroumpfs se prêtent à tour de rôle des lunettes de réalité virtuelle devant un étrange écran, qui leur donne à voir la concrétisation de leurs rêves les plus fous. Dans ce monde artificiel, le Schtroumpf gourmand dévore des maisons en sucrerie, le peureux affronte serpent et rats, etc. Le Schtroumpf à lunette les surprend alors la main dans le sac. Pour comprendre l’affaire, il exige de pouvoir essayer les lunettes. Hélas, lui ne voit rien du tout devant l’écran magique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette histoire d'écran magique et de lunettes de réalité virtuelle, auxquels se retrouvent attachés nos candides schtroumpfs, permet une fois encore d’aborder finement plusieurs thématiques sensées de notre monde moderne. En premier lieu, l’asservissement de notre jeunesse aux écrans, qu’il s’agisse de séries TV ou de jeux vidéo particulièrement addictifs (on pense aux succès phénoménaux de Fortnite, Minecraft…). Mais aussi, en seconde lame, au principe infernal du racket tel qu’il peut se pratiquer sur le chemin de l’école ou dans les systèmes mafieux. Car pour pouvoir chacun accéder à leur paradis artificiel personnel, les schtroumpfs se retrouvent ici asservis par un complice de Gargamel qui les oblige à lui livrer toujours plus de pépites d’or (ce ne pouvait être Gargamel lui-même : il est bien trop crétin pour inventer pareil système). Ce qui est malin, c’est également de rendre le Grand Schtroumpf aussi réceptif que ses ouailles à l’attrait de cette machine à rêver. Car lui aussi a un rêve secret – comme à peu près tout le monde – que vous découvrirez dans cette aventure ! Cette fois, il n’est donc pas le garant du retour à l’ordre et aux valeurs vertueuses, les schtroumpfs devront compter sur l’investissement, la malice et l’abnégation d’un autre parmi les leurs. A cette trame scénaristique sensée, se complète le dessin du duo expérimenté Jeroen de Coninck et Miguel Diaz, qui décline une nouvelle fois admirablement la ligne artistique définie par Peyo.
