L'histoire :
Ce soir là, autour de la table de jeu, le jeune joueur de poker professionnel Mark Middletown est particulièrement tendu. Son adversaire, Degueldre, est certes redoutable, au point de le plumer complètement, mais il n’y a pas que ça. Quand l’homme quitte la table, escorté de son garde du corps, Mark le suit discrètement, jusque dans le parking souterrain. Sans se faire repérer, il attrape un flingue dans la boîte à gant de sa voiture, préalablement garée là. Il le met en joue et… n’a pas le courage de tirer. Degueldre s’éloigne en voiture, sans avoir conscience d’avoir frôlé la mort de très près. Mark est alors alpagué par un mystérieux personnage qui en sait étrangement long sur lui et ses motivations. Tom Fehlmann, c’est son nom, s’intéresse aux cartes, mais ne joue jamais… et il propose à Mark de devenir son mentor pour lui permettre de se venger de la mort de ses parents. Pour cela, Mark devra approcher et briser « le Cercle », une mystérieuse et puissante confrérie responsable du contrat passé jadis sur leurs têtes. Or, le talon d’Achille des membres du Cercle est le poker de haut niveau. Mark va donc devoir devenir l’un des tous meilleurs joueurs du monde. Une partie risquée, dont l’enjeu est sa propre vie… Et si c’était du bluff ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet épisode d’exposition nous fait entrer directement dans le cœur du sujet, en nous invitant à participer d’entrée à une (première) partie de poker. Depuis quelques années, le jeu est en effet à la mode… il est donc logique qu’on en retrouve des dérivées jusque dans le 9e art. Toutefois, le scénariste Jean-Christophe Derrien l’embrasse idéalement, dans tous les compartiments narratifs qu’il induit. Graphiquement, Derrien est épaulé par Simon Van Liemt (déjà son partenaire sur Incantations), qui livre un dessin réaliste très pro, limpide et agréable à suivre… auquel il manquerait juste un je-ne-sais-quoi de personnalité. La mise en scène et le découpage sont toutefois rythmés, notamment pour accorder la tension idoine aux parties de poker, silencieuses, en plans serrés et variés. Evidemment, ces phases de jeu parleront plus volontiers aux lecteurs qui ont déjà eu un minimum d’initiation au Hold’em Poker (la forme du jeu la plus répandue)… Pour les autres, le scénario est bâti de sorte à comprendre tout de même le gros des tensions qui se nouent autour du tapis et surtout, ces séquences ne constituent à aucun moment la trame centrale de l’intrigue. Plus qu’une histoire sur le jeu de poker, il s’agit d’une métaphore du poker pour raconter l’épreuve d’un jeune champion qui doit affronter hors tapis des adversaires plus forts que lui. Coups de bluff, doubles jeux, dissimulation des émotions… On s’imagine bien que cette compétition initiatique se terminera bien pour le héros, mais d’ici la fin de la trilogie, il reste de nombreux voiles à lever. Qu’est ce que le « Cercle » ? Pourquoi ont-ils assassiné ses parents ? Quelles sont les motivations exactes de ce providentiel mentor ? Et de cette jeune femme qui cache bien son jeu ? A quel moment les diverses parties abattront-elles leurs cartes ? Comme au poker, il faut payer pour voir…