L'histoire :
Novembre 1876. Dans un coin paumé du Wyoming, un type est attaché entre deux arbres, torse nu, frigorifié, car il neige. Le shérif Masterson et ses hommes lui demandent d’avouer où est allé se réfugier Buck Carter. Pour l’aider à bavarder, ils lui tranchent une oreille au couteau. Le type parle aussitôt : Buck est dans le ranch des Daggett, du côté de Culver Creek. Merci bien, il récolte une balle dans la cervelle. Le dénommé Buck a effectivement rejoint sa femme Elizabeth et son fils Jeb, qui espéraient pourtant bien ne jamais le revoir. Absent, violent, alcoolique… on se passe volontiers d’un père comme lui. De tempérament sauvage, Jeb ne lui adresse d’ailleurs pas la parole. Quelques jours plus tard, Masterson et ses hommes débarquent au ranch. Inévitablement, une fusillade s’ensuit, particulièrement sanglante. Masterson va jusqu’à bouter le feu au ranch pour faire sortir Buck. Mais le cow-boy a des ressources et parvient à se planquer dans un bois. Masterson menace de flinguer sa femme s’il ne se rend pas. Buck reste planqué… Masterson flingue donc sa femme, sous les yeux de Jeb. C’est le début d’une traque qui durera des mois. Captif, Jeb est régulièrement violé par son geôlier. Il ne va pas louper l’occasion de l’égorger et prend la tangente…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le cow-boy qui fait l’impolitesse de tourner le dos au lecteur en couverture, c’est Jeb, le fils de Buck. Ces deux cow-boys relativement dépourvus de manières et d’émotions sont poursuivis par un troisième, tout au long de ce one-shot inscrit dans la prestigieuse collection Signé. Emanation moustachue et émacié de Lee Van Cleef, Masterson est opiniâtre et non moins féroce, quoique shérif. Pour quel motif sont-ils pourchassés ? Nous ne le saurons jamais. Pour le scénariste Yves H, seuls importent la traque à travers les paysages désertiques du Wyoming, les flingues qui font parler la poudre, la cervelle qui gicle… et la rancœur d’un fils envers son père. Bref, le far-west dans toute sa sauvagerie. Le titre avait prévenu : Sans pardon. S’il fallait dénicher un début de sens moral à cette histoire, on conseillerait de ne pas négliger l’éducation de ses enfants. Tout efficace soit-il, le scénar est donc basique ; il est aussi souvent muet. Ces deux qualificatifs ne sont pas péjoratifs, ils sont en réalité parfaitement adaptés au registre du western réaliste. Le scénariste fiston laisse parler le dessin virtuose du père, Hermann, docteur es-9ème art, option couleurs directes. Un cavalier dans la plaine, une rue désertée, une sortie d’embuscade, une chevauchée à travers des canyons baignés de soleil, un ranch sous une averse, sont autant de bonnes raisons de se laisser porter par ce western, certes sommaire, mais efficace.