L'histoire :
Afin de s’éloigner d’un hiver qui s’annonce rude, la tribu nomade de Yakari effectue une de ses nombreuses migrations vers le sud. Le père du petit indien, chef de tribu, s’inquiète : le vieillard Roc Tranquille a disparu depuis plusieurs lunes. Il redoute que celui-ci ait décidé d’entreprendre son « dernier voyage ». Yakari refuse aussitôt une telle perspective : Roc Tranquille est encore plein de vie et il voulait certainement mettre sa vieille carcasse à l’épreuve ! Le soir même, Yakari, préoccupé, convainc son poney Petit Tonnerre et le chien Oreille Tombante de l’accompagner le lendemain, dès l’aube, à la recherche du vieil homme. Grace au flair d’Oreille Tombante et aux renseignements d’un chien de prairie, ils ne mettent pas longtemps à le retrouver… en train de faire une petite sieste dans les broussailles ! Le vieillard avait juste eu envie de voir de ses propres yeux une légende qu’un inconnu avait jadis évoquée devant lui : il existerait d’autres indiens sédentaires, vivants dans des maisons de briques. Plutôt que de laisser l’aïeul s’épuiser dans pareille quête, Yakari lui propose de le relayer et de trouver à sa place les hommes aux maisons de briques. Pour cela, Roc Tranquille propose une sorte de jeu de piste : trouver l’arbre aux papillons, puis une profonde blessure faite à la terre-mère (un cratère de météorite), puis enfin les géants hérissés d’épines (un champ de cactus)…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis bien des printemps, Derib et Job, co-auteurs de Yakari, ne dirigent plus leur série jeunesse que dans une unique voie pédagogique : aborder les merveilles de la nature, voire les traditions indiennes, quitte à empiler linéairement les anecdotes culturelles, sans puissante intrigue de fond. Ce 36e opus n’échappe pas à la règle, bien que cette fois le scénario soit astucieusement bâti pour faire passer la pilule du catalogue naturaliste. En effet, pour soulager un vieil indien, le petit héros indien hérite d’une sorte de quête, dont il s’affranchira au terme d’un véritable jeu de piste. Dans l’ordre, il va ainsi apprendre que les indiens se cachent pour mourir ; puis que les coyotes sont farceurs ; il fera ensuite une halte didactique auprès d’un somptueux essaim de papillons Monarques ; puis il tombera dans le profond cratère causé jadis par une météorite géante ; il rencontrera aussi un puma, un blaireau, un géocoucou, un lézard venimeux (la seule espèce au monde : le monstre de Gila) ; et pour ponctuer la liste des apprentissages, Yakari dénichera enfin les indiens sédentaires et leurs fameuses maisons de briques. A chaque fois, quelques lignes en bas de page permettent d’en apprendre plus sur ces merveilles de la nature. Bref, l’intention éducative est profitable, mais sur le plan strict de la narration, ça ne casse pas des briques (justement). Heureusement, Derib est toujours ce magicien aux crayons et aux pinceaux, qui nous met en forme l’aventure bon enfant, comme quand on avait 10 ans…