L'histoire :
Moine inquisiteur itinérant, Antoine Sèvres parcourt les chemins de Guyenne (la Dordogne actuelle), lorsque de nuit, il chute malencontreusement dans une profonde cavité. A l’aide de sa torche il explore la grotte et découvre le squelette d’une sœur cistercienne et, un peu plus loin, sa besace. Une analyse des éléments et une rapide autopsie du crâne lui permettent de conclure à un meurtre. Piégé au fond, sans grande lumière, il attend l’aube et se fait finalement remonter par une troupe de chiffonniers de passage. Une fois rendu au village de Saint-Marcellin géré par les religieuses d’un couvent, il annonce la triste nouvelle. La mort de sœur Flavianne, disparue depuis plus d’un an, plonge le village en émois, mais réveille les esprits. Antoine apprend notamment que Flavianne était l’amante d’Adalbert, l’un des chiffonniers. Il découvre également que la culture du chanvre, traditionnelle dans le village, n’a pas que des vertus pharmaceutiques. L’état de délabrement de l’église va de paire avec celui du curé. Visiblement, le père Léonce a depuis longtemps abandonné sa mission ecclésiastique pour s’adonner à la fumette…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A chaque album, une enquête complète est résolue par le moine dominicain. Dès les premières planches de cette seconde affaire, cela commence fort : une grotte cachée, un cadavre, une autopsie, quelques déductions… Précurseur de Sherlock Holmes, Antoine Sèvres utilise plus les voies de l’observation que celles du Seigneur, pour mener à bien ses investigations. Bref, une enquête passionnante se profile à l’horizon, avec en toile de fond les mœurs insolites d’un petit village géré par des nonnes. Or, si l’ambiance idoine au Nom de la rose est ravivée, le dénouement est tout autre. L’assassin est rapidement démasqué et Antoine Sèvres nous balade alors à travers une autre énigme, plus en rapport avec l’une des particularités régionales de la Dordogne : les grottes préhistoriques. Ce faisant, Laurent Rullier prouve une nouvelle fois ses talents de scénariste : les dialogues sont soignés, le rythme impeccable, l’intérêt grandissant… Graphiquement, la série se caractérise toujours par des techniques de dessin à la fois bienvenues par leur caractère novateur et par leur sobriété. La colorisation volontairement terne d’Antoine Quaresma s’applique à un crayonné très maîtrisé et dénué de tout encrage, signé Alessio Lupo. Si certains trouveront que l’ensemble manque de peps, cette fadeur joue surtout un rôle prédominant dans la retranscription de l’ambiance. Une série d’enquêtes moyenâgeuses décidément très enthousiasmantes…