L'histoire :
La déviation : Moebius part en vacances familiales, en voiture, à l’île de ré. A quelques kilomètres de l’arrivée, il a la bonne idée de prendre une déviation, qui l’emmène à travers un chemin inhabituel. Il sera dès lors amené à croiser : un géant atone, une route sinueuse et escarpée, un champ de bataille fantasmagorique, des cohortes de monstres plein de mandibules. Après un pique-nique dans une zone extrêmement radioactive, les faubourgs urbains de la Rochelle et la volcanique île de ré s’offrent enfin à sa vue. Ce détour est également l’occasion pour Moebius de partir tous azimuts dans des digressions particulièrement lyriques et volubiles…
Arzach : tel un majestueux gardien des domaines futuro-oniriques, Arzach patrouille dans les airs, chevauchant son fidèle destrier, un volatile imberbe et ventripotent. Soudain, par la lucarne d’une demeure troglodyte, il aperçoit le corps nu d’une femme bien roulée. Il se la ferait bien, tiens ! Sauf que le mâle hideux de cette excitante créature est jonché en haut de la falaise, furieux de ce coup d’œil voyeuriste. Qu’à cela ne tienne, d’un coup de lasso, Arzach embarque l’individu et s’en débarrasse en l’attachant à un squelette géant. Ne lui reste plus qu’à aller conquérir la belle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur la quatrième de couverture, l’éditeur donne le ton : un Moebius, une ligne éditoriale de Métal Hurlant des années 70 et quelques champignons hallucinogènes sont nécessaires pour obtenir la mixture graphique ahurissante de cette réédition. Car les planches stupéfiantes d’Arzach n’ont rien à voir avec les productions standard du 9e art d’aujourd’hui. Arzach ne raconte pas une histoire à proprement parler, au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Il représente un réservoir d’émotions, de troubles, une secousse graphico-tellurique qui eut l’effet d’une grosse baffe dans la gueule dans les années 70. Ces pages fourmillent de trouvailles bizarres, d’impressions dantesques, de symboles phalliques, d’images venues du futur, d’ailleurs ou de l’au-delà, dignes d’un exutoire. « A la frange de l’inconscient », selon les dires de l’auteur lui-même, dans une préface qui resitue le contexte. Avec le recul, et au risque de révolter les puristes moebiusophiles, on ne parcourt pas aujourd’hui ces aventures oniriques et totalement décousues avec le même regard subjugué que dans les seventies. Pour les consoler, reconnaissons tout de même à l’œuvre un dessin exceptionnel, d’une maîtrise graphique vertigineuse. Culte !