L'histoire :
1993, au large de l’archipel de Sedna, dans le pacifique sud. Une équipe de plongeurs de la Carthago, une puissante multinationale pétrolifère, procède à un forage. Soudain, la foreuse s’enfonce dans la roche et tourne à vide : un gigantesque machélodon (grotte sous-marine) vient d’être mis à jour. Quatre plongeurs font une rapide visite des lieux et croisent des espèces étonnantes, qui n’ont sans doute jamais vu la lumière du jour. Soudain, un prédateur gigantesque surgit de l’obscurité et les dévore. Une vidéo, ainsi qu’une dent acérée particulièrement impressionnante, permet de déduire qu’il s’agit d’un mégalodon, ancêtre du grand requin blanc… de près de 20 fois sa masse, présumé disparu. Le PDG de la Cathago, surnommé l’homme sans visage en raison de sa cagoule, décide de passer cette « plus grande découverte zoologique de tous les temps » sous silence. Il redoute en effet de se voir interdire l’exploitation pétrolière du site, manne économique de la société. 14 ans plus tard, de nos jours, un membre du groupe Adome, branche secrète de Greenpeace, vient quérir les services d’une océanologue réputée, Kim Melville. Preuve de l’existence du mégalodon à l’appuie, il la convainc d’effectuer des plongées en bathyscaphes dans le lagon de l’île volcanique de Fortuna, relié par un réseau de cavernes souterraines au machélodon de Sedna…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ceux qui pensent que Christophe Bec a un problème avec les grottes sous-marines ne doivent pas avoir tout à fait tord… Mais bon sang, quel pied ! Après l’excellente trilogie fantastique Sanctuaire, Bec renoue avec une découverte prodigieuse dans une grotte abyssale. Après tout, nos fonds marins sont l’un des derniers espaces d’aventure de la planète (la contrainte de la pression ne donne accès qu’à 5% de toute la masse des mers et océans). A la délivrance d’une puissance chtonienne, Bec préfère néanmoins cette fois la résurgence d’espèces préhistoriques particulièrement carnassières. Nous croisons en effet un liopleurodon et surtout un mégalodon, le plus formidable prédateur que la Terre ait jamais connu, relèguant Les dents de la mer au rang de bluette juvénile. Sur ce sujet piquant, Bec monte encore d’un cran ses talents de scénariste : les dialogues sont peaufinés et l’alternance des unités de lieu et de temps compose un puzzle passionnant et particulièrement angoissant. Aux explications scientifiques croustillantes, s’ajoutent le mystère d’un PDG cagoulé, les sombres desseins d’un milliardaire roumain et une sacrée suée claustrophobe à bord d’un bathyscaphe à moitié croqué par la bête. Pour couronner le tout, Bec est ici allié au dessinateur Eric Hénninot (Alister Kayne), qui a également mis la barre très haut. Son style réaliste ciselé, extrêmement précis et maîtrisé, s’insère dans des cadrages et un découpage irréprochables, en outre agrémentés de la colorisation d’une spécialiste des hauts fonds, Delphine Rieu (laquelle œuvrait déjà sur les excellents Aquanautes). Pourvu que ces qualités soient réunies tout au long des 8 épisodes programmés !