L'histoire :
En 2069, l’âge d’or de la conquête spatiale touche ses limites. Après que les premières colonies spatiales aient pris leur indépendance et coupé tous liens avec la terre, le président de la terre a lancé un ambitieux programme de robotisation de la conquête, pour palier au problème des voyages trop lointains. Outre les rêves humains brisés, l’échec principal de cette politique est lié aux nanotechnologies qui ne parviennent toujours pas à s’auto reproduire. Au final, les jeunes générations préfèrent rêver et se retrouver dans les mondes virtuels. L’un d’entre eux, un jeu en réseau appelé Convoi TM, a été poussé à son paroxysme, car développé en permanence par ses utilisateurs. Parmi ces derniers, deux jumeaux, Fred et Gil se font régulièrement tirer les oreilles par leur mère, Karen, qui voit dans Convoi TM un lieu de débauche peu recommandable. Fille d’un sénateur, Karen Springwell travaille avec dépit pour une émission de téléréalité basée sur le suicide spectaculaire de ses participants. Après que l’un d’entre eux ait surfé sur la lave d’un volcan jusqu’à ce que mort s’ensuive, elle s’isole et fait la rencontre d’un drôle de sauvage, Cho-Jen, bizarrement abandonné dans cette contrée hostile…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Enfin réunis en intégrale, les quatre albums de Convoi publiés entre 1990 et 1995, composent une histoire complète de science-fiction assez captivante. Des couleurs au dessin légèrement suranné, le graphisme de Philippe Gauckler a un côté désuet qu’on retrouve dans les vieux comics des années 70 du type Flash Gordon. Mais il a le mérite d’aborder un sujet bien délicat à rendre sur des planches en 2D, sans s’embrouiller. L’astuce principale consiste à insérer le logo du logiciel (avec son © ou son TM !) dans lequel les protagonistes vivent leurs aventures virtuelles, dans chacune des cases qui les mettent en relief. Ainsi l’on distingue à tout moment les mondes virtuels de la vision future du réel proposé par les auteurs, parfois tout aussi extravagante. De même, le scénario de Thierry Smolderen (Mac Cay, Hybride) propose une vision de l’avenir crédible et astucieuse. La maîtrise de son récit est telle que les ingrédients de ce futur plausible, qu’ils soient politiques ou technologiques, s’imbriquent à la perfection. Surtout, les deux défis que constituent la réalité virtuelle et la conquête de l’espace, s’appuient l’un sur l’autre avec une rare cohésion. On n’en attendait pas moins de la part d’un professeur de scénario à Angoulême. Un véritable plaisir pour les amateurs de SF « classique » !