L'histoire :
Un vieil homme et son chien, voyageant à bord d’un vaisseau spatial, abordent une planète bordée d’un océan, auprès duquel s’étendent d’étranges sculptures décorées, sur un sol caillouteux. Appelés par la mer, les deux finissent par disparaître, fondus dans le milieu marin. Tandis que leur souvenir se grave sous forme de graffiti peint sur les ruines de leur vaisseau abandonné, transformé en pierre au milieu des autres. C’est L’océan qui chante de Fabrizio Dori. Dans Europa, de Fabine Grolleau et Abdel de Bruxelles, Arya Dos Alamos, une scientifique condamnée par une maladie incurable a l’idée d’envoyer un petit vaisseau sur le satellite de Jupiter. L’idée est de pénétrer par un des geysers de surface afin de rejoindre l’océan salée sous la croûte, peut-être porteur de vie extraterrestre. Elle-même placée en hibernation à l’intérieur du « missile », elle va voyager durant quatre ans avant de découvrir cet océan primal...Valentin Ramon, dans Au-delà de l’océan, nous rend spectateurs de l’absorption de la mer par des entités extraterrestres, rendant cette ressource absolument caduque. Mais ces entités ne sont en fait que des hologrammes générés par un conglomérat de sociétés souhaitant recycler et revendre cette eau à leur profit...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les numéros de la revue de référence SF en bande dessinée se suivent mais ne se ressemblent pas. La thématique de celui-ci, sur les mondes aquatiques, délivre son lot de riches récits et de belles planches, rendant difficile le choix des meilleures. Monde primal, ressources (presque) sans fond, le milieu liquide peut être évoqué sur Terre comme dans l'espace, et nombreux sont les auteurs à y voir un endroit sacré, voire même une sorte de sépulture où l'homme devrait trouver le repos éternel. Il est aussi question de régénération, de mutations. Au moins un récit : Au delà de l'océan, de Valentin Ramon, évoque la Course à l'or bleu, nouvel Eldorado, même si Gregory Panaccione et Georgio Guzkandri, Gloria Ciappini et Luca Concarneau, ou encore Ryan Barry, ou Joseph Faleon, Marc Caro et Cécile Bay abordent aussi la société de consommation et ses outrances. Beaucoup de poésie cependant dans la plupart des histoires de Zéphir, Homeo Rios et Leno Carvalho, Marco Taddei et Samuel Canestrari, Juliette Hayer, Arthur de Pins, Laurent Siefer, Richard Guerineau, Alexandre Ristorcelli, Etienne Appert, Camille Moulin-Dupré, Dominique Cuvillier... et un bel hommage à notre mère à tous : Achane, écrit par Edo Brenes. Un bon article rétrospectif sur le super nanar hollywoodien Waterworld, un retour sur l'expo Plus loin, la nouvelle science-fiction présentée à Angoulême, une interview de Paul Watson, un article de Jean-Marc Ligny sur la Climate Fiction, un entretien inédit de 2016 avec Philippe Druillet par Vincent Brunner et une nouvelle un peu trash mais efficace de Jean-Luc Cornette, illustrée par Liberatore, complètent intelligemment, aux côtés des rubriques habituelles dont les sélections filmiques aquatiques d’Otto Madox et Jean-Luc Cornette, ce numéro aux sels minéraux revigorants.