L'histoire :
Chroniques du Métal monde par Richard Guérineau nous envoie dans un futur ou les Métaliens, la civilisation de l'acier et du silicium, est devenue la civilisation ayant essaimé aux quatre coins de l'univers. Mais au fil des millénaires, elle a perdu sa mémoire morte. D'où vient-elle ? Le grand Pulsar pourrait apporter une réponse, mais à trop s'y frotter, l'abomination qui en est sorti les a presque tous détruits. Seule l'unité Rob AK-B a pu être remise en état et s’est jurée d'anéantir l'astéroïde maudit. Devenu un héros, qu'est-il advenu de lui ? Acid Dionnet évoque dans un trip psychédélique incroyable le pourquoi de la couverture réalisée par Frédéric Peeters. Épiphanie, de Fred Blanchard, illustre de manière muette la descente sur Terre d'un bloc noir très Kubrikien, venant se poser sur une pyramide, et diffusant un hologramme évoquant la trinité créatrice des Humanos, dans un Space opéra onirique du plus bel effet. Spectacle regardé au loin par la créature Moebiusienne de la couverture du 1er numéro de Métal. Voice de Stefan Subic nous emporte au Japon à l'aide d'un noir et blanc sublime, au temps des samouraïs, où l’une de leurs troupes parcourt des paysages sinistres afin d'affronter un terrible guerrier. Mais est-ce bien un homme ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On n'aurait pas parié très cher sur le retour en 2021 de la revue lancée par les Humanoïdes associés, alias Jean-Pierre Dionnet, Moebius, Druillet et Farkas, en 1975. Elle s'était épuisée après douze ans de bons services en 1987, avant de revenir pour treize numéros petit format entre 2002 et 2004. Et pourtant, la nouvelle équipe (présentée largement en pages 273 à 277), dirigée par Jerry Frissen, sous l'égide du maître des lieux et parrain Dionnet, a fait du bon boulot, il faut le reconnaître. 14 numéros déjà, dont sept proposant du matériel graphique, narratif et rédactionnel entièrement neuf, allant puiser dans le meilleur de ce que la production internationale peut proposer aujourd'hui. Et ça, ça n'est pas rien ! Surtout que toutes les histoires de ce numéro ne sont pas directement des hommages. A l'heure où les revues de bande dessinée se font très rares en kiosque ou librairie, on ne peut foncièrement faire l'impasse sur cette opportunité de découvrir, d'être surpris, voire émerveillé aussi, comme l'ont pu être les lecteurs précédents des années 70, 80, ou 2000. La simple lecture de certaines pages, comme celles du Grand Tour de Fabrizio Dori, ou, au hasard, du Télépathe de Nikola Pisarev, peuvent faire naître des vocations. Il est difficile de dire ce qui est le plus délicieux dans ce numéro spécial. Mais on peut lire à la suite du Richard Guérineau, Frederik Peeters, Serge Lehman et Stéphane Crety, Fred Blanchard, Stefan Subic, Marc Pichelin et Guillaume Guerse, Martin Panchaud (oui, celui de La couleur des choses), Derf Backderf, Laurent Siéger, Didier Tronchet, Aimée de Jongh, Guillaume Trouillard, Killoffer, MoCDM et son hommage rigolo à Arzach... Et on en passe. Cette jolie liste devrait suffire à vous rendre la chose sympathique. Ajoutez de beaux entretiens avec le groupe Justice, J.-P. Dionnet et Ridley Scott, et vous tenez un cadeau plutôt brillant. Ce Métal Hurlant est aussi accompagné en librairie depuis la fin d'année 2024 par Opus Humano, quatre autres Mook reprenant les récits mythiques de la revue, par décennie, de 1975 à 2015, plus Des lendemains qui hurlent, un journal format poster géant plié au format A4, proposant interviews, portraits, nouvelles inédites et une illustration géante d'un auteur invité. Tant de choses pour se régaler et si peu de temps. Ça tombe bien, on peut feuilleter Métal à son rythme et y revenir !
