L'histoire :
L’objectif est immuable pour les deux hordes ennemies de rats et de crapauds qui peuplent ce monde : mettre un pied sur cette foutue île, au loin, afin de conquérir de nouveaux territoires. A la surface, les rats ont embarqué dans 3 superbes caravelles (des embarcations miteuses), tandis que les crapauds tentent une percée sous l’eau, à bord d’un submersible insolite, d’une fraîcheur inégalée : un cadavre de porc tout boursouflé. Ces derniers observent l’avancée stratégique des rats par l’intermédiaire du périscope constitué d’un ver solitaire. Ils se gaussent de leur immobilisme naval : au dessus il pleut et l’absence totale de vent empêche les voiliers de progresser. Peu importe, Marinette, la fille du chef, exhibe ses rondeurs immondes dans une danse érotique avilissante. Les marins huent, conspuent, s’époumonent à siffler ce spectacle affligeant… et de ce souffle extraordinaire, les voiles se gonflent ! Mais les crapauds n’ont pas dit leur dernier mot : ils pactisent avec des insectes et une tortue géante de passage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tant sur le scénario que sur le dessin, ce huitième épisode des Rat’s ressemble beaucoup au précédent (Tous à la flotte !). A vrai dire, on pourrait en inverser les titres que ça ne changerait pas grand-chose… Les rats et les crapauds sont toujours dans l’eau, à enchaîner les situations incongrues pour arriver à leurs fins : étendre leur suprématie sur une nouvelle terre. Même si ça n’est pas le but de la série, on aimerait bien qu’un jour ils y parviennent quand même, juste histoire de renouveler leurs palabres, un peu barbants, à force. Ici, il est vaguement question d’expression artistique, d’autoritarisme, d’alliances diplomatiques et bien sûr, d’espèces dominantes et d’espèces dominées – c’est tout de même le concept central de la série : une métaphore cynique de l’humanité. Heureusement, on ne lit pas Rat’s pour sa puissance philosophique, mais bel et bien pour ses séquences déjantées. Au menu, Ptiluc nous enchante une nouvelle fois avec quelques passages d’anthologie fleuris : la base sous-marine des grenouilles est un cadavre de cochon purulent et rongé par la vermine ; et lorsqu’un ténia teigneux pompe les rats de leurs énergies vitales, leurs congénères ne s’offusque pas plus ça de les regonfler, littéralement, par le trou de balle. Lyrique…