L'histoire :
La maîtresse d’école, Madame Plébaire, exulte : aujourd’hui, c’est journée pédagogique. Elle emmène donc les enfants de sa classe à la « fête de la bûche », dans une petite ville de bucherons arriérés. Le petit Norman (un jovial tueur psychopathe de 6 ans) écoute le descriptif en se réjouissant : il y a là-bas une trancheuse de légende qui compte 532 accidents graves à son actif ! Une info alerte toutefois le reste de la bande : le père de Sylvaine (une famille de dégénérés) se rend également à cette fête chaque année, pour se pochetronner avec ses potes. Quant à Plébaire, ça lui rappelle sa jeunesse : elle a été élue « Miss Buche 2002 » (elle conserve d’ailleurs une photo qui a immortalisé son état éthylique). C’est l’immonde Manouche, le chauffeur patibulaire, qui emmène tout le monde dans un fourgon sinistre et rouillé. Chemin faisant, les enfants paniquent à l’arrière du fourgon. Ils tentent de s’évader en balançant un parpaing par un trou de la carrosserie, à travers les roues du véhicule. L’accident est inévitable, en rase campagne. Or la nuit tombe. Or c’est la pleine lune. Or la région est ravagée par un monstre sanguinaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec son petit héros de 6 ans dans le rôle d’un tueur psychopathe guilleret, le premier tome de cette série gore avait mis un bon coup de pied dans la fourmilière de l’humour en BD, trop souvent consensuel. Toujours sous la plume et les crayons caricaturaux de Stan Silas, les gamins aux grosses têtes « manga » reprennent donc du service, pour une Virée scolaire tout pareillement déjantée. La journée pédagogique dont se réjouit initialement leur maîtresse d’école dévergondée est en effet le prétexte d’une nouvelle compilation d’aventures horrifiques, sanguinolentes et fendardes. La séquence d’intro rappelle d’ailleurs d’emblée le juste ton : une jeune fille ivre, écorchée, avec une jambe arrachée, est éviscérée par un monstre sur le palier d’un manoir, tandis que Norman est déjà occupé à l’intérieur à découper un corps à la scie à métaux dans une baignoire pleine de sang. Par la suite, la souplesse du scénario, dont on perd parfois le fil conducteur (et ça n’est pas plus grave que cela), permet d’accumuler les digressions. Leurs objectifs sont variés : ajouter une séquence typique des films d’horreur, une discussion débile, un flashback qui éclaire un point obscur, un paroxysme d’hémoglobine ou… quelques pépites de monstruosité pure (oui, il est possible de se servir d’un bébé décapité comme d’un karcher de sang pour assommer un pit-bull géant croisé avec un fourmilier). Et éventuellement faire avancer l’intrigue… mais on insiste : elle est ici secondaire. Etant donné le découpage serré et la longueur du délire (61 planches), rarement un tel niveau d’hémoglobine aura été atteint en BD !