L'histoire :
Le petit Jérémy sort du village par le bois, sur son vélo. Au téléphone portable, il explique à sa maman que la maitresse leur a refourgué des billets de tombola à vendre et qu’il rentrera donc un poil plus tard que d’habitude. Puis, sans faire gaffe, il roule sur du fil de fer barbelé et se croute lamentablement dans les fourrés. De grossières pancartes lui indiquent alors l’emplacement d’un sinistre manoir… Sans piger qu’il est en train de tomber dans un piège, Jérémy s’empresse d’aller vendre ses tickets de tombola aux bouseux du coin. La porte est ouverte. L’habitation est lugubre. Un hachoir ensanglanté est fiché dans la table de la cuisine. Un zombi tout pourri est en train de dévaliser le frigo. Jérémy tente de s’enfuir mais s’empêtre dans du fil de fer barbelé. Alors qu’il cède à la panique, un gamin avec un masque de hockey sur le visage s’approche dans son dos, un long couteau dans la main… Le lendemain, en classe, Jérémy brille bien entendu par son absence. La maîtresse, pas trop commode, suspecte ce tire-au-flanc de s’être tiré avec l’argent de 20 tickets de tombola. Le petit Norman sait bien, lui, que Jérémy est mort : c’est lui qui l’a trucidé. Norman multiplie alors les astuces (minables) pour détourner l’attention sur ses copains. La petite Garance, chef autoritaire du Garance’s club, décide quant à elle de mener l’enquête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le « slasher » est un registre de l’horreur qui met en scène un serial killer tuant (en général) des adolescents à l’arme blanche. Pour les éditions Makaka, Stan Silas semble avoir pris un immense plaisir à « rajeunir » un chouya la méthode, en l’appliquant de manière burlesque à des enfants de l’école primaire… Il fallait oser ! Le résultat franchement enthousiasmant s’appelle ici la Vie de Norman (comme Norman… Bates, de Psychose ?). Il est d’autant plus percutant que Silas saupoudre le tout de grosses louches d’humour gore et burlesque bien percutant, de répliques qui déchirent sa race et d’apartés digressives jouissives en guise de fausses pistes. Les chemins empruntés par ce récit déjanté brassent une foule de références du genre horrifique et pourtant, le récit ne ressemble à aucun autre. Au terme de 62 planches Silas se joue de son lecteur et livre finalement une histoire construite, inventive, bien que largement parodique. Graphiquement, ses personnages cartoonesques aux grosses têtes cabotinent leurs rôles avec bonheur. Expressions faciales explosées, gestions soudaines des ambiances, décisions radicales… Parmi les rares adultes croisés dans ce délire, la maîtresse colérique et alcoolique trimballe aussi un caractère particulièrement poilant. Silas a non seulement tout compris des ambiances et des postures, mais aussi des ressorts comiques de notre époque. Il inflige ici une sévère leçon de rigolade à bien des séries pseudo-humoristiques. Bonne nouvelle : il y aura un tome 2 !