L'histoire :
Tandis qu’elle n’est encore qu’une enfant (vers -60 avant JC), Cléopâtre est proche de sa mère Anoukis, avec laquelle elle entretient des moments complices. Hélas, lors d’un accident de barque dans le port d’Alexandrie, la mère et la fille tombent à l’eau. On parvient à sauver la fillette, mais pas sa mère. Pour avoir été incapables de protéger la reine, ses serviteurs sont aussitôt tous exécutés sur ordre du Pharaon Ptolémée XII et de son conseiller le plus proche, Pothin. Désormais orpheline, Cléopâtre doit donc se reconstruire sans ses nourrices habituelles. Elle est alors sous la protection divine d’Isis ; or lorsqu’elle est seule, elle se met à entendre les conseils de la divinité. La fillette grandit malgré tout et devient une jeune femme aussi ravissante qu’indomptable, suscitant régulièrement la colère de son père. Un jour, Ptolémée la convoque pour lui annoncer qu’elle va devoir passer la soirée à séduire le général romain Pompée, alors en visite « politique » à Alexandrie. Bérénice, la sœur aînée de Cléopâtre, fulmine : c’est plutôt elle qui est légitime en vue d’un mariage d’alliance. Durant le séjour de Pompée, Cléopâtre et Bérénice sont des hôtesses agréables… tellement agréables que Pompée devient un peu trop entreprenant envers Cléopâtre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La puissante, charmante et légendaire reine d’Egypte Cléopâtre est aussi célèbre que sa destinée réelle reste floue. Les siècles qui nous séparent de son règne (de -51 à -30 avant JC), ont été propices à tous les fantasmes romantiques. Les historiens se perdent en conjectures au sujet de son rôle exact dans l’antiquité. Les scénaristes Jean-Blaise Djian et Nathaniel Legendre tentent ici d’en synthétiser un biopic plausible en un diptyque rythmé par le tumultueux destin. Le récit débute durant l’enfance de Cléopâtre, au moment de la mort de sa mère. Etait-ce un accident ou a-t-elle été victime d’un complot ? Difficile d’avoir des certitudes : au sein de la dynastie des Lagides, le meurtre était érigé en tradition. Ainsi par exemple, Pharaon fait-il trancher la tête de sa fille ainée Bérénice, afin que le trône revienne à la cadette Cléopâtre. La mort de son petit frère Ptolémée XIII, en compagnie duquel elle a dû régner quelques années, se révèle curieusement absent de ce premier opus. La biographie imaginée les coscénaristes se permet donc tantôt de curieuses ellipses, tantôt des hypothèses culottées (l’assassinat du romain Pompée par Cléopâtre herself)… et elle entretient souvent le flou, faute d’éléments sûrs. En revanche, la relation ésotérique avec la figure d’Isis est plutôt astucieuse pour expliquer les formidables intuitions géopolitiques de la célèbre reine. Au dessin, l’italien Vincenzo Federici livre une partition encrée et réaliste plutôt convaincante. Costumes, décors, attitudes, monuments sculptés… un gros boulot de documentation a été intégré pour une immersion fonctionnelle dans la période antique. On peut juste lui reprocher une légère inflexion de style entre les premières planches, fines et somptueuses, et la fin de l’album aux traits plus épais – idem concernant la taille des textes dans les phylactères (c’est flagrant lorsqu’on passe de la p.17 à la p.18). Ces légères irrégularités ne sont toutefois pas rédhibitoires pour qui voudrait appréhender la légende de la reine antique. A suivre dans un prochain tome…