L'histoire :
En juin 1935, Hastings sort de sa retraite sud-américaine pour venir passer quelques mois en Angleterre. Il rejoint Hercule Poirot qui vit la sienne dans un immeuble ultramoderne de Londres. Le détective belge, amoureux de la géométrie de ce bâtiment, exprime son inquiétude à son ami. Il a reçu une lettre d’un certain A.B.C. qui lui annonce un évènement quelques jours après, le 21 du mois, à Andover. Quand Hastings rit en parlant d’un probable « casse du siècle », Poirot, très inquiet, espère que cela sera le cas. Dans un quartier moins favorisé de Londres, un homme, visiblement fatigué, barre le nom de Mrs Asher sur une liste. Il a un Abécédaire des lignes ferroviaires britanniques sur sa table… Le 22 du mois, l’inspecteur principal Japp est dans l’appartement de Poirot, en train de taquiner Hastings sur son vieillissement. Japp annonce qu’il ne s’est rien passé à Andover le 21. Au moment où il va partir, Poirot reçoit un coup de fil. Une vieille dame qui ne s’entendait pas avec son mari, un ivrogne, vient d’être retrouvée assassinée dans un tabac dépôt d’Andover. Son nom : Mrs Asher…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nouveau tome et de nouveaux auteurs dans cette série qui permet de suivre le détective belge le plus connu au monde. ABC contre Poirot est un peu spécial dans la série des whodunnit christiens. En effet, on suit en parallèle l’enquête de Poirot face à un serial killer. Dans le roman, elle alterne le récit à la première personne et à la troisième personne. Ici Frédéric Brrémaud se contente de suivre l’alternance mais ne marque pas de différence entre les récitatifs, ce qui ne pose pas vraiment de problèmes de lecture. L’ambiance est pesante tout au long de la BD, comme dans le roman, car on suit une enquête qui n’avance pas vraiment face à la détermination et au génie criminel d’un tueur implacable. Mais on suit aussi la lente descente dans la folie d’un homme persuadé qu’il commet ces meurtres lors d’accès de folie. C’est dû à une bonne adaptation du scénario, mais aussi au trait semi-réaliste d’Alberto Zanon, qui épouse tout en rondeurs l’univers de Poirot et les couleurs un peu atténuées de Fabien Alquier qui permettent au lecteur de se sentir aussi confortablement installé dans l’ambiance Londonienne des années 30 que s’il lisait le roman de la reine du crime. Poirot est inquiet, Poirot est ballotté et ses petites cellules grises sont mises à rude épreuve. C’est un roman rare, où le détective belge doute de lui, ce qui n’est pas sa marque de fabrique, lui qui est plutôt très imbu de sa personne. L’ambiance de l’album colle parfaitement au roman. Le lecteur est réellement plongé dans cette histoire qui se révèle une nouvelle fois sordide. Une excellente adaptation.
