L'histoire :
23 décembre 1937. Au crépuscule de sa vie, le riche Siméon Lee a eu la singulière idée de réunir tous ses enfants au sein de son manoir des Lake District (Nord de l’Angleterre), pour les fêtes de Noël. « Singulière », le mot est faible, car les enfants se détestent tous cordialement les uns les autres. Mais le vieux Lee a dans l’idée de remettre à plat son testament, en lui réincorporant deux des enfants jadis reniés. Et « laver ce linge sale » en famille, alors même que des sommes immenses sont en jeu, quitte à accroître encore les tensions, cela l’amuse follement ! Tandis que la neige tombe à gros flocons, certains des convives en profitent pour faire connaissance au sein de l’immense propriété de Gorston Hall. Il y a par exemple, Stephen Farr, fils de l’ancien associé de Siméon Lee. Il y a aussi les épouses des trois fils, Georges, Alfred et David, qui rivalisent chacune d’ambition pour leurs héritiers de maris. C’est alors que le majordome Tressilian a la surprise d’ouvrir la porte à Harry, un autre fils aventurier, qui avait disparu depuis 20 ans, après avoir partiellement volé son père. Mais Tressilian ouvre aussi la porte à une jeune femme d’origine espagnole, Pilar Estravados, fille de la défunte sœur Jennifer. Bientôt, la famille sera entièrement réunie pour assister à légère distance au meurtre imprévu du vieux Siméon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est un nouveau « whodunit », classique chez Agatha Christie, auquel se livre le célèbre détective Hercule Poirot, comme à chacune de ses enquêtes. Le crime et sa résolution se déroulent une nouvelle fois entièrement dans une enceinte fermée, un manoir dont le huis-clos est encore renforcé par la météo neigeuse et la faible luminosité d’une période de Noël dans le Nord de l’Angleterre. Une famille nombreuse est réunie et tout le monde se déteste. Chacun attend impatiemment la mort du patriarche, un type cupide et peu sympathique par ailleurs, afin d’hériter de sa fortune. Chacun a une bonne raison (pécuniaire) d’accélérer l’héritage en le tuant… avant qu’il ne modifie son testament, comme il l’annonce d’emblée ! Dans son adaptation, la scénariste Isabelle Bottier satisfait donc aux phases logiques successives. La mise en place du contexte et la présentation des protagonistes s’étale d’abord sur une vingtaine de pages. Puis on « entend » le meurtre, sans le voir et on découvre la scène de crime. Poirot passe ensuite le reste de l’album à recueillir des témoignages, récolter des preuves, vérifier les alibis, analyser des lieux et comprendre les réels liens du sang, avant de passer à l’explication finale, surprenante et inattendue ! – pour qui n’a pas lu le roman original paru en 1938. Callixte s’efforce donc à multiplier les angles et les focales pour dynamiser les palabres au sein d’un manoir cossu richement décoré. Il accentue aussi beaucoup les expressions faciales des protagonistes. Cette méthode de théâtralisation sert sans doute à appuyer les émotions et à brouiller les pistes, mais l’exagération nuit à la crédibilité : on a l’impression que les personnages sur-jouent tous systématiquement leurs rôles, au point d’attirer la suspicion sur eux-mêmes. Dommage.