L'histoire :
En novembre 1942, dans un camp d’entrainement ukrainien de la Wehrmacht, un officier allemand donne leurs affectations à ses soldats. Ils doivent faire route vers Stalingrad, la ville soviétique sur laquelle s’est cristallisé le front de l’Est. La 6ème armée du général Von Paulus a besoin de renforts pour faire plier Staline et ainsi participer à la victoire finale du Reich. Simples troufions dans les rangs, Jürgen, Kessler et Werner obéissent aux ordres en se demandant à quelle sauce ils vont être mangés. Dans un premier temps, un train de marchandise leur fait traverser la campagne enneigée, à travers un froid intense. A un moment, ils font halte à côté d’un autre convoi qui a été attaqué par les popovs. Les dégâts sont impressionnants. Kessler endure difficilement la vision du cadavre d’un jeune soldat, comme lui. Après avoir passé une nuit-étape à Dniepropetrovsk, ils repartent le lendemain, à pieds et en camions. Car la troupe se relaie sans cesse pour déblayer les congères de neige qui maculent la route. Le froid semble s’être encore intensifié : 32° sous zéro ! A cette rigueur s’ajoutent les attaques sporadiques de partisans russes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès ce premier tome inaugural de la collection Mémoire de Paquet , L’armée de l’ombre se présente comme un récit traditionnel prenant pour contexte la Seconde Guerre Mondiale, mais vécu, une fois n’est pas coutume, du côté allemand. Et pour cause, le lecteur participe à la campagne du Reich qui visait le renforcement militaire pour la prise de Stalingrad, l’opération Wintergewitter. Les vastes territoires de Russie se sont révélé un enfer de glace pour les allemands (prévoir des moufles pour la lecture), à l’instar du désastre de la Grande Armée napoléonienne, 120 ans plus tôt. Prévue en 4 tomes, la série historique d’Olivier Speltens ne cherche pas à nous expliquer la chronologie et les mouvements de troupes dans le détail. Son axe mémoriel ambitionne de nous faire vivre les évènements du point de vue des simples soldats. Dans le registre particulier des récits de guerre, il est toujours délicat d’éviter le spectaculaire de mauvais goût. De ce point de vue, Speltens réussit parfaitement à rester sobre et à accrocher l’attention, sans en rajouter. Il y a bien des combats, au sol et aériens, mais le principal ennemi vient ici du froid et des distances. Besogné, juste et documenté, le dessin réaliste participe pleinement à la cohérence et à l’immersion. On peine juste par moment à distinguer les protagonistes entre eux… mais rien d’illogique, étant donné qu’ils sont la plupart du temps emmitouflés dans leur costume…