L'histoire :
1094, quelque part dans la forêt de Chassenoix, Royaume de Bohan… Garen, un sympathique garçonnet, s’entraine en compagnie du Chevalier d’Ardenois au maniement de l’épée. Soudain, le regard des 2 combattants est attiré par un épais nuage de fumée qui semble provenir du village. Pour cause : en arrivant sur place, ils assistent à la mise à sac de plusieurs demeures par une troupe de mercenaires guidée par une veille connaissance du chevalier : Hellequin-de Bois Maudits, un suppôt du seigneur noir Nuhy. Ardenois avait mortellement blessé ce dernier, 20 ans auparavant. Aussi en apprenant de la bouche de son lieutenant qu’il revient sur les terres de Bohan pour y porter l’enfer, le vaillant chevalier, surpris par cette résurrection, perd toute vigilance et reçoit un coup qui lui est fatal. Garen assiste, impuissant et malheureux, à la mort de son mentor, puis au vol de sa fameuse épée, avant de s’évanouir d’effroi. Il reprend connaissance quelque temps plus tard dans la forêt, surveillé par un étrange personnage semblant familier de Godefroi d’Ardenois. Le vieux mage conduit bientôt Garen aux abords d’Oddenburg, le fief du Souverain Tancrède le Jeune, avec pour mission d’avertir le monarque de ce à quoi il a assisté.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour sa nouvelle série, Etienne Willem quitte l’épais fog londonien et Scotland yard (Vieille bruyère & bas de soie) pour les contrées verdoyantes du royaume de Bohan : plutôt que l’odeur de pipe, celle de l’humus, pour une immersion au creux d’un univers médiéval dans lequel s’animent lapin, ours, renard et autres bestioles plumeuses ou poilues. Cette déclinaison (aventure moyenâgeuse + bébêtes) évoque, bien sûr le Robin des bois de Disney (voire également Rougemuraille de Brian Jacques). L’auteur pousse même le clin d’œil jusqu’à de fortes similitudes entre certains personnages de son récit et ceux du film d’animation. Mais le bougre l’assume de la meilleure des façons, préférant nourrir son récit de ses heureux souvenirs d’enfance que de l’affubler d’une galerie de trognes à oreilles pointues ou à couleurs changeantes, qui emplissent habituellement ce genre d’épopée. Cette rondeur animalière rend à la fois l’attache aux protagonistes immédiate et permet une lecture rapide, universelle du caractère de chacun (l’ours est forcément grognon, le loup fourbe, le bouc une créature du diable etc.). Au-delà du choix opéré, cet album d’exposition plante un contexte narratif plutôt classique pour ce genre d’aventure : un royaume à paix fragile, un seigneur maléfique prêt à revenir y semer la zizanie, quelques vilaines créatures, de la magie, une légende et des sauveurs en devenir… Malgré les pièges qu’il s’est tendu (classicisme et connotation disneyenne), Willem fait fonctionner l’ensemble avec conviction, titillant nos propres réminiscences enfantines, jouant avec les psychologies granuleuses de ses personnages (et l’opposition apprenti-héros/héros vieillissants) et maniant le crayon comme un chef. Il sollicite, en tous cas, suffisamment notre intérêt pour nous donner l’envie d’embarquer avec Garen, Arthus, Grimbert et La Fouine pour 4 chapitres endiablés… au moins ( ?).