L'histoire :
17 ans après le début de l’effondrement, une communauté de survivalistes s’est réorganisée en autarcie dans un village du Sud de la France. Ils vivent du fruit de leurs cultures et se sont défini de nouvelles règles sociales, débarrassées des considérations de propriété privée, d’économie et de religion… en théorie ! Ils ont appelé leur communauté « la source ». Or ce soir-là, une alerte est donnée car la ferme de Josef et Rosa est en feu. Tous les habitants prêtent main-forte pour éteindre l’incendie… mais c’est trop tard : on retrouve les corps de Josef et de ses deux enfants carbonisés dans les décombres encore fumants. Or on retrouve aussi le corps de Rosa quelques centaines de mètres plus loin, près de la rivière, assassinée, avec un crucifix planté dans la gorge ! Ce qui vient de se produire est aussi atroce qu’inédit : un quadruple meurtre familial, nécessairement commis par un membre de la communauté ! Bien qu’elle n’en ait aucunement envie et qu’elle refuse initialement, Rachel est désignée pour mener l’enquête : dans l’ancien monde, elle était flic. Mais la graine de la suspicion généralisée est semée et les vieilles rancœurs refont immédiatement surface…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En général, les enquêtes de polar et l’anticipation survivaliste sont deux registres narratifs qui ne se mêlent pas trop… sauf ici ! Dans la source, trois scénaristes – Gaël Branchereau, Sylvain Runberg, Olivier Truc – se sont associés pour faire conduire une enquête à une femme flic (ou du moins, flic jadis), au sein d’une communauté de survivants à un grand effondrement économique et social. Or on s’aperçoit d’emblée que cette communauté vit regroupée par nécessité, pas par envie : les habitants de la source ne sont visiblement jamais parvenu à concilier leurs convictions sociales entre eux. Autant dire que l’enquête de Rachel va avancer en terrain miné. Dans le scénario, il n’y a pas vraiment une succession d’indices et de témoignages recueillis, comme dans une enquête classique, mais une suite d’évènements spectaculaires et des réactions épidermiques qui témoignent d’un sérieux manque de maturité politique… Cet axe de développement au sein d’une communauté fermée, avec beaucoup de palabres un brin artificiels, fait dès lors beaucoup plus penser au registre des romans d’anticipation pour « young adults » qu’aux ficelles piquantes du polar ou à l’anticipation visionnaire. Du reste, on ne sait jamais rien de l’origine de l’effondrement… ni de ses conséquences concrètes sur la nature et la géopolitique du monde. Seule importe l’autarcie de cette communauté discordante. « Œuvrons tous ensemble pour reconstruire une vie commune, même si on ne s’entend pas du tout ! » Damour illustre le tout à l’aide de sa griffe semi-réaliste très reconnaissable. Une mention spéciale est apportée à sa grande quantité de personnages, qu’il s’agit de bien distinguer. La solution et conclusion de cette enquête seront apportées dans une seconde partie de diptyque, à paraître.