L'histoire :
Dès la signature de l’armistice, les troupes françaises sont dissoutes et les hommes retournent au civil. Martin Wisenfall est médecin et exerce à Strasbourg. Marié à Elisabeth, ils ont ensemble une petite fille de six ans, Solange. Le bonheur des retrouvailles est de courte durée. Elisabeth a entendu dire que les allemands vont déporter les juifs d’Alsace-Lorraine. Il faut partir. La famille d’Elisabeth leur propose de les héberger à Paris. Martin doit travailler et reste à Strasbourg, promettant à sa femme de venir le plus souvent possible à Paris pour les voir. En mars 1942, Martin est dans son cabinet Strasbourgeois quand les trois SS frappent à sa porte. Un soldat allemand est blessé. Un officier place son pistolet sur la tempe de Martin et l’oblige à lui prodiguer des soins. La blessure du soldat est trop grave. Martin sait déjà qu’il ne pourra rien faire. A peine a-t-il déclaré la mort du soldat qu’il est mis aux arrêts et amené à la Kommandantur. L’officier en charge du commandement le reçoit dans son bureau et lui annonce que son cas est très grave. Il a laissé mourir un soldat allemand et peut être condamné au peloton d’exécution. Cependant, l’Allemagne nazie, dans sa grande clémence, lui propose de s’enrôler dans l’armée allemande comme médecin, afin de sauver sa peau et sa famille... juive.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second opus clôt la série Herr Doktor. Les auteurs mettent en avant un médecin alsacien revenant au civil après l’armistice de juin 1940. Il va être enrôlé de force comme 100 000 Alsaciens et 30 000 Mosellans que l’Histoire retiendra sous le nom des « Malgré-nous ». En plus de ce destin tragique, les auteurs ajoutent la question juive durant l’occupation, car martin est marié à une femme juive. A chacun de se faire un avis sur l’impact de cet ajout sur le récit en lui-même. Effectivement, en août 1942, le « gauleiter » du « CdZ-Gebiet Elsass » persuade le « Reichführer » d’introduire le service militaire obligatoire en Alsace Moselle. Par conséquent, tout homme valide devait rejoindre de force, ou non, les rangs allemands. D’ailleurs, les hommes déserteurs ou refusant de s’enrôler, engageaient la responsabilité collective de leur famille. Cette dernière, qu’elle soit juive ou non, était déportée vers l’Est et l’ensemble des biens était confisqué. Ainsi, que la femme de Martin soit juive ou non, ce dernier aurait été obligé de porter l’uniforme allemand sous peine d’exécution et de déportation pour sa famille. Outre ce point, le récit est plutôt intéressant, même si le dessein d’éliminer Hitler parait peu crédible pour un homme ne pouvant approcher que de trop loin le « ReichFührer ». Au niveau du dessin, Régis Parenteau-Denoël livre un album avec un trait réaliste et un aspect graphique très classique. De même pour le découpage et le séquençage des planches. La colorisation est jolie, mais assez terne dans l’ensemble. Jean-François Vivier et Régis Parenteau-Denoël offrent ainsi un diptyque sur le thème de la seconde guerre mondiale, un thème fort apprécié des amateurs de bande dessinée. Cependant, le récit un peu juste et le dessin très classique en réduisent quelque peu l’attrait.