L'histoire :
Le respectable Ambroise Clé, enquêteur ultra-cartésien, est spécialisé dans la démystification des phénomènes dit occultes. Au cours du XXème et du XXIème siècle, lui et sa descendance sont confrontés à un insaisissable tueur en série, qui commet ses crimes en défiant toute raison. Ce meurtrier voyage en effet dans le temps, au grès de ses besoins de remodelage de l’Histoire, et assassine toujours ses victimes de 16 coups de compas. Mais revenons aux origines : Ambroise Clé se promène en solitaire dans un square parisien enneigé, à l’aube du 1er janvier 1901. Soudain, un corps céleste traverse le ciel et se crashe dans un arbre à côté de lui. Un homme en scaphandre se présente : Adelme Sweitzer, descendant du philologue Jonathan Sweitzer et… paradoxe incarné. Dans le futur, Adelme est en effet intervenu pour arrêter le père du tueur au compas, au moment fatidique où il allait tuer Alceste Clé (descendant d’Ambroise). Or ce faisant, il a compromis sa propre existence ! Il vient donc chercher de l’aide auprès du seul enquêteur susceptible de l’aider à… exister. Malgré les réticences d’Ambroise, Jonathan propose de consulter la médium Hélène Smith. En transe, celle-ci fait apparaître un ectoplasme, qui conseille de contacter un maître du temps, immortel, appelé Outanapishtim, vivant en Arménie, au sein d’une secte. Ambroise est plus que dubitatif… mais il accomplit tout de même le voyage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les promeneurs du temps est un polar historico-fantaisiste formidablement emmené par des protagonistes folklos et attachants, et mis en images à l’aide d’un dessin naïf et stylisé. Sur le même mode que le premier opus, ce second tome ne prend pourtant pas vraiment la suite chronologique de l’aventure. Il se déroule plutôt en parallèle… quoiqu’en matière de paradoxes temporels, cette notion demeure assez floue. Il est tout de même conseillé de bien avoir pigé les ressorts temporels entortillés pour en apprécier la fantasque saveur. Car le récit joue de nouveau sur le registre des entrelacs temporels et des phénomènes occultes, comme un gamin le ferait d’un Rubik’s Cube® : c’est-à-dire dans un désordre frénétique et sans jamais vraiment retomber sur ses pattes. Comme ce même gamin s’arrangerait pour recoller les étiquettes aux bons emplacements, le scénario de Franck Viale multiplie les combines bancales au sujet des paradoxes et de la raison. Mais à vrai dire, la logique n’est pas vraiment le propos de fond : le dynamisme aéré et la légèreté torturée des aventures demeurent les axes privilégiés de cette seconde salve, qui emmène cette fois Ambroise et sa clique au proche orient puis dans les montagnes de l’Himalaya, pour une rencontre périlleuse avec une secte et une entité informe. Réalisé à gros renforts de pinceaux de couleurs infographiques, le traitement visuel de Sylvain Dorange aboutit de nouveau à un résultat original et frais, quoique parfois un chouya indistinct. A suivre dans un 3ème opus à paraître (dans le futur ?) et d’ores et déjà baptisé Le paradoxe du multivers…