L'histoire :
Yidgor, affublé de ses grosses lunettes, étudiant en première année de métro, prend le métro. Il donnerait tout pour voir quelque chose de surnaturel, même son édition originale de Runequest, voire son rat. Mais personne le comprend. Il aimerait tant découvrir la vraie magie. Et puis, il y a Aspirine qui, la nuit venue, file au cimetière, disserte sur le mooncup et sur le mot bite. Mais elle s'en fout des règles, c'est une vampire. Et le sang, ça la connaît. D'ailleurs, les amants de sa sœur, elle les mange tout cru. En attendant, elle suit un cours de philo dans un amphithéâtre de la Sorbonne. Elle écoute d'une oreille, tout en se gravant des inscriptions sur l'avant-bras : rien ne rime à rien. Apostrophée par le professeur, elle quitte les bancs et se met face à lui. Elle lui plaque ses deux mains sur sa poitrine et s'en va comme elle est venue. Dans les couloirs, elle croise Yidgor et exprime une nouvelle fois sa rage d'adolescente. Elle file sur le pont des Arts et tombe sur une bandes de mecs relous. A coup sûr, ils vont passer un sale quart d'heure...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça fait 300 ans que ça dure, pour Aspirine. La jeune femme souffre d'être une vampire. Elle tue le temps à dévorer les amants de sa sœur Josacine, une sublime jeune femme de 23 ans aux yeux verts. Comment va-t-elle réussir à sortir de cette rengaine, de ce cercle vicieux dans lequel elle est partie prenante ? Joann Sfar pose ici un scénario attachant par moment, par ses pensées philosophiques et ses questionnements métaphysiques. Mais aussi rébarbatif, tant la narration est décousue et le flot de textes part dans tous les sens. Le thème des vampires, déjà abordé par l'auteur du côté des enfants, avec Petit Vampire, est une de ses obsessions (tout comme celui de l'adolescence en tant que telle) : se nourrir de l'autre (de sa créativité, de ses angoisses), au sens propre, comme au sens figuré. Côté dessin, les aficionados de l'auteur du Chat du rabbin ne seront pas déboussolés et retrouveront avec un plaisir non dissimulé son coup de crayon si particulier, déstructuré, jouant avec les proportions et le regard hypnotique de ses personnages. Et puis, il y a la rousseur incandescente d'Aspirine qui illumine chaque page d'un orange flashy. Au final, on reste un peu sur sa faim et sur sa fin (et on va en profiter pour prendre une bonne aspirine), malgré les bonnes intentions.