L'histoire :
Le Caire, septembre 1951. Kathryn Ingelmann, alias Cassandra Bromby, atterrit avec son neveu Rudi à l'aérodrome de Payne. Oncle Max les attend. Sur le chemin qui le mène vers sa nouvelle maison, le petit Max découvre la vie cairote. L'enfant est fatigué par son long voyage en avion. Kathryn et Max, agents de la CIA, discutent autour d'un thé. Pour elle, Rudi, qu'elle a choisi parmi des centaines d'orphelins, fera l'affaire pour mener à bien sa mission : leur permettre de mettre la main sur Manfred Fürbringer, un scientifique allemand spécialiste en armement et réfugié en Égypte depuis la Seconde Guerre Mondiale. Le lendemain, le jeune garçon est envoyé dans une école pour trouver malgré lui, le fils de Manfred Fürbringer. Très vite, le jeune garçon se fait remarquer en provoquant une bagarre. Il en vient même aux mains avec Willy, qui lui écrase son dé à coudre fétiche, que lui avait donné sa mère. Pendant ce temps, Max a profité du fait de Kathryn échangeait avec le directeur de l'école pour éplucher la liste des élèves : aucun enfant ne répond au nom de Fürbringer. De toute évidence, il a été inscrit sous un nom d'emprunt...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La guerre invisible est l'ultime scénario écrit par Frank Giroud, qui nous a quittés en 2018. Cet auteur figure parmi les plus importants du 9ème art, avec des séries emblématiques comme Louis La Guigne, Quintett ou Le Décalogue, et des one-shot marquants comme Les oubliés d'Annam ou La fille aux ibis. Lire son dernier récit édité à titre posthume (supervisé par sa veuve, la scénariste Virginie Greiner) suscite donc une certaine émotion. Il s'agit d'ailleurs bien d'une intrigue d'espionnage (dans la lignée de The Americans ou de Homeland) typiquement Giroudienne, avec en point de départ, un fait historique méconnu. En effet, beaucoup de nazis se sont exilés au Brésil ou en Argentine, mais aussi, on le sait moins, en Égypte. Autour de ce sujet, il brode une histoire palpitante avec la qualité narrative qu'on lui connait, multipliant les temps d'action et les temps d'échange entre protagonistes. Au dessin, Olivier Martin, accompagné par les couleurs de Gaétan Georges, nous immerge dans un style graphique réaliste et dynamique, au cœur d'une époque peu représentée en BD : l'Égypte des années 50. Frank Giroud avait développé les synopsis et les découpages des deux titres suivants. Ceux-ci seront finalisés par Laurent Galandon, avec lequel il avait co-écrit L'Avocat, Le Comité (consacré au KGB) et L'institut (relatif au MOSSAD). À noter, le travail formidable réalisé sur les pages de garde entièrement écrites par l'auteur disparu...