L'histoire :
Le Caire, septembre 1951. Kathryn et Max Ingelmann sont deux agents de la CIA. Ils sont envoyés en Égypte avec pour mission de retrouver puis recruter Manfred Fürbringer, un ingénieur nazi spécialiste des systèmes de guidage de fusées V2 ayant fui au Caire à la chute du Reich. Son expertise est un atout inestimable pour les États-Unis, en pleine guerre froide face aux soviétiques. Pour parvenir à leur objectif, ils vont se servir de Rudi, un jeune orphelin qui devra se lier avec Erich, le fils de Fürbringer. Les deux agents enlèvent Fürbringer. L'opération est un succès malgré les cas de conscience de Kathryn. Instrumentaliser des enfants n'est pas sa tasse de thé. Manfred Fürbringer est exfiltré vers les États-Unis, sur la base de Redstone Arsenal. Ici, on développe les premiers missiles balistiques américains. Mais dans cette guerre de dupes, le succès de cette opération est-il uniquement celui de la CIA ? Berlin, mai 1945. Les soldats russes sont à la recherche de Manfred Fürbringer dans les ruines de la capitale allemande. Sa femme leur indique qu'il est parti à la recherche d'un docteur avec Erich sous le bras, blessé suite à un éclat d'obus...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec La guerre invisible, Frank Giroud montre une nouvelle fois son art scénaristique, dévoilant les arcanes de la guerre froide à travers les destins croisés de ces agents de l'ombre. Cet ultime récit de l'auteur décédé en 2018 montre son goût pour le récit d'espionnage : la guerre invisible est la même histoire racontée de deux points de vue différents. Ce qui permet, à la lecture de ce second opus, de mieux comprendre les ficelles du premier. Les deux récits se recoupent pour nous offrir un final exaltant où la fin justifie les moyens et où les ennemis ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Homeland n'est pas très loin, rien de bien étonnant chez cet homme féru de séries à suspense et de thrillers. Olivier Martin propose un dessin à la fois semi-réaliste et élégant, dans des situations d'intrigue tendues et des scènes d'action où la cruauté est au rendez-vous. L'atmosphère du récit est parfaitement maîtrisée, passant par un découpage rythmé et des couleurs bien rendues. Un dernier mot pour rendre hommage à Frank Giroud, l'un des plus grands scénaristes de la planète BD... qui a inspiré de nombreux auteurs et que l'on n'est pas prêt d'oublier, pour sa bienveillance naturelle. Replongez-vous dans ses plus beaux faits d'armes : Les oubliés d'annam, Le décalogue, la fille aux yeux d'ibis, Azrayen', Quintett...