L'histoire :
1940, Guy Pierre Gauthier (NDLR grand-père de l’auteur), jeune étudiant, répand la propagande de la Résistance en distribuant des tracts. 1943, il intègre un groupe de résistant et joue au chat et à la souris avec la police allemande et française en changeant régulièrement de région. Après divers faits d’arme retentissants, comme le sabotage de convois ferroviaire ou la destruction de stocks de munitions, il retourne à la Rochelle pour réorganiser la résistance locale qui a subi pas mal de perte suite à des opérations ayant mal tourné. A la descente du train, il se fait prendre par la gestapo. Après plusieurs jours d’interrogatoire, il est emprisonné sur le territoire français avec ses amis. Après l’échec d’une tentative d’évasion, le petit groupe se retrouve escorté par une division « Das Reich » à la gare de la Rochelle. C’est à ce moment que le calvaire commence. Plusieurs jours de transport dans des wagons à bestiaux, confronté à l’odeur de la peur et à la vision des premiers morts. Ils arrivent affamés et assoiffés à Dachau. Les jours passent, les humiliations ainsi que les carences commencent à marquer les corps et les esprits. Entre survie et entraide, entre douleur et peur, paradoxalement, la seule raison de vivre est de survivre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tiburce Oger nous livre le témoignage de son grand père, Guy Pierre Gauthier, résistant, prisonnier, déporté et survivant de l’enfer des camps de Dachau. Ce témoignage poignant met en lumière cinq années de cet étudiant actif dans la Résistance, jusqu’à la traversée de l’enfer des camps de travaux forcés allemand. Il oppose l’insouciance de la jeunesse à l’atrocité de la nature humaine. Le récit est justement mené, mêlant légèreté des scènes de vie et d’entraide, à la dureté des scènes de punition et d’humiliation. On en vient à avoir des haut-le-cœur en imaginant l’odeur régnant dans les wagons ou encore du désinfectant utilisé pour limiter la propagation des poux. Au fil de la lecture, l’impression que le récit est peut-être « trop » fort par rapport au dessin est perceptible et cela crée un léger déséquilibre. Les cases nettes du début de l’album laissent place à un trait moins précis par la suite, avec des corps désarticulés, presque irréels. Que cela soit fait exprès ou non, l’effet donné est intéressant car il accentue le malaise et appuie le coté inhumain du camp. A la lecture de cet album, la question de savoir si une bande dessinée est un support assez fort pour porter le poids d’un tel témoignage, se pose. Qu’importe la critique, on ne peut qu’avoir le plus grand respect pour ces hommes et femmes qui, au prix de leurs vies, ont traversé l’enfer pour notre liberté.