L'histoire :
La balle perdue : Tout allait bien pour Siverts, jusqu’à ce qu’il fasse la triste expérience que tous les ours en hibernation ne dorment pas jusqu’à la fin de l’hiver. En voilà un donc prêt à déguster du trappeur, voire son traîneau et quelques-uns de ses chiens. Siverts a juste le temps de prendre ses jambes à son cou. De se défaire de ses vêtements pour que leur odeur occupe la bestiole un moment. Puis de trouver le refuge d’une cabane pour s’y abriter. Reste désormais à se débarrasser de ce gros gourmand…
Un petit détour : Alors qu’Hansen et Valfred rendent visitent à Lause et Siverts dans leur « magnifique » résidence de « La Cabane du vent », ils leur content un étrange périple. Une aventure qui fait immédiatement penser à leurs hôtes qu’ils sont en train de leur servir un véritable racontar. Quoi qu’il en soit, tout commence lorsque, las de chasser le bœuf musqué, Hansen propose à Valfred d’aller titiller le phoque dans le Fjord des Glaces. Il promet deux repas chauds par jour et quelques bouteilles d’eau de vie. Valfred accepte, ignorant qu’ils ne rentreront qu’un petit mois plus tard…
< i>Ce qu’il advint d’Emma par la suite ponctue cette nouvelle série de racontars…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ceux qui l’ignorent encore, un racontar « c'est une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge. À moins que ce ne soit l'inverse »… Confiée à Jørn Riel, l’auteur danois à l’origine de ces fameux Racontars arctiques, cette définition cisèle parfaitement l’intention : nous inviter à faire la connaissance d’une inénarrable bande de trappeurs, au moyen d’anecdotes dont il est judicieusement impossible de déterminer ce qui tient de la fable savoureusement brodée ou de la cruelle réalité. Peu importe, tout le sel de l’exercice est justement là : jongler avec humour, ironie, absurdité, souffle aventureux, poésie ou philosophie, pour dessiner l’incroyable quotidien de ces drôles de bonhommes perdus dans un territoire deux fois grand comme la France (le Nord-Est du Groenland). Car outre ces chasseurs, le protagoniste central reste cet univers blanc aussi majestueux et calme que furieux et violent. Un territoire qui envoûte et dicte son isolement pour faire de ses hôtes des êtres, à la longue, peu handicapés par la pudeur, experts dans tous les mécanismes de survies (aussi bien matériels que psychologiques) et surtout – sans même s’en rendre compte – à fleur d’humanité. Bref, vous l’aurez deviné, une fois saisi par la musique de ces racontars, il est difficile de ne pas en devenir accroc. Tant et si bien qu’on se jette avec boulimie sur ces 3 nouvelles lampées de racontars servies savoureusement par le couple Gwen de Bonneval / Hervé Tanquerelle et directement tirées d’Un safari arctique et autres racontars de Riel. Dialogues truculents émaillés de philosophie arctique, protagonistes à gros grain et conditions extrêmes rythment impeccablement ce nouveau plongeon sur le canevas de 3 récits qui résument parfaitement l’esprit de la saga : ne jamais se laisser surprendre du comportement étrange de nos trappeurs. La notion d’équilibre est en effet très largement différente en condition d’isolement au contact d’un univers qui ne fait aucun cadeau. Pour preuve, cette rencontre avec un ours plaire qui part de traviole comme jamais, cet improbable campement au sommet d’un iceberg ou ces hallucinations amoureuses passagères partagées. Le tout admirablement mis en musique par le trait moderne, dynamique et incroyablement vivant de Tanquerelle (qui a depuis peu découvert le Groenland en compagnie de Jørn Riel). Bref, on assiste une nouvelle fois à un impeccable travail d’adaptation. Vivement la suite !