L'histoire :
A Venise, de nos jours, Giacomo se livre à des assassinats de la pire espèce. Se faisant passer pour un prêtre, il rend visite à des personnes âgées, si possible riches, dévotes et malades, les incitant à faire de généreuses donations à « son Eglise »… Or, dès que lui et sa complice Chiara, se faisant passer pour une infirmière, sont en possession de l’argent, ils font cyniquement une injection mortelle à leurs victimes. Grace à un autre complice policier, Pietro, il se sait toutefois traqué par les autorités et décide de prendre rapidement la tangente. Mais avant de quitter la place, il n’a aucun scrupule à tuer Chiara et Pietro ! En marge de ces abjectes exactions, Giacomo endure parfois des expériences oniriques étranges : il s’incarne alors subitement dans la peau d’un grand prêtre de Posséidon, Leiocritos, en une erre antique ! Parallèlement à ces évènements contemporains, Marie-Alice est une jeune et grosse femme très amoureuse de son acteur de mari, Norbert, qui joue quotidiennement Cyrano sur une scène parisienne. Norbert engraisse littéralement Marie-Alice, en lui mijotant avec beaucoup de tendresse des tas de petits-plats très caloriques, expliquant que c’est ainsi qu’il aime les femmes. Mais en douce, il la méprise et la trompe en compagnie d’autres actrices. Lorsque Marie-Alice s’en aperçoit, elle reçoit une véritable douche froide. Elle rentre dans une rage folle et fomente une diabolique vengeance. Or, à ce moment clé précis, elle s’incarne elle aussi soudainement en Cercyonne, chef de brigands sous l’antiquité, sur le point d’être trahie par ses compagnons…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au départ, avouons-le, on n’y comprend pas grand-chose. Le récit alterne deux fils narratifs contemporains qui n’ont rien à voir, à la suite d’acteurs différents et en des situations bien distinctes, à raison de 2-3 planches à chaque fois. Il faut attendre d’être à un stade bien avancé de ce tome d’exposition pour comprendre que cette complexité apparente est un parti-pris narratif, lié au principe même du scénario. Car en effet, le synopsis de cette nouvelle série estampillée « Secrets du Vatican » focalise sur des phénomènes de désincarnations (la fameuse « Atlantide experiment » du titre). Ainsi, en sus de deux intrigues bien consistantes (l’adultère à venger pour Marie-Alice + la cavale meurtrière de Giacomo, délivrée de manière antéchronologique), les âmes des deux personnages principaux et contemporains basculent par moment dans les corps d’autres protagonistes, en un contexte antique où ils se connaissent. Lorsqu’on se met à comprendre cela, il faut alors faire face à deux autres unités narratives, à travers les manigances de Leiocritos (alias Giacomo) et de Cercyonne (alias Marie-Alice). Eh oui, le scénariste Thomas Mosdi n’aime rien moins que brouiller les pistes et évoluer bien loin des sentiers battus ! Néanmoins, quel sens attribuer à ces expériences de désincarnations, qui finissent toutefois par se rejoindre en toute fin d’album ? Il faudra attendre les prochains volumes pour en savoir plus, mais en tous cas, le lecteur est ainsi bigrement hameçonné ! La partition graphique échoit à l’italien Stefano Biglia, dont c’est ici la première contribution au catalogue francophone. Son dessin réaliste est élégant, maîtrisé, rigoureux, s’inscrit dans un découpage impeccable, dont le seul reproche est de rester très « scolaire ». Un prélude ésotérique très prometteur…
