L'histoire :
Au premier siècle après Jésus Christ, le faux prophète Dositheos, vieillissant, trouve la grotte d'entrée qui mène à la nécropole se trouvant sous la colline du Vatican. Il ouvre la tombe de Saint Pierre et récupère dans une stèle une précieuse relique en forme de T. Aussitôt, son corps se régénère : il vient d'entrer en possession d'une partie du Graal, ainsi que les amateurs d'ésotérisme l'appelleront plus tard. Cependant, il s'étonne que cet objet issu de l'Egypte antique sous le terme d'« Ankh d'Osiris » ne soit pas entier, surmonté de sa boucle, ce qui lui aurait conféré des pouvoirs divins. Dositheos décide alors de vouer sa vie – désormais l'éternité, pour lui – à recomposer l'objet, sans doute jadis amputé par Judas. Cet incroyable secret est révélé par Prometheus, chef actuel de l'ordre des templiers, à celui qu'il a choisi pour lui succéder, le cardinal Marchesi, tandis qu'ils volent en direction de Mossoul. Ce dernier apprend encore que l'Ankh d'Osiris avait été offert à Jésus par les rois mages, et que Dositheos, à la tête de l'inquisition, cherche aujourd'hui à le reconstituer. Pendant ce temps, sous le lac artificiel Saddam Hussein, Sofia et Angelo affublés de tenues de plongée, continuent leurs fouilles archéologiques au sein d'une nécropole mandéenne. Ils sont en fâcheuse posture : la sortie est obstruée et leurs réserves d'oxygène est presque épuisée. Angelo utilise alors un gros canon-scanner qui défonce les murs pour se frayer un passage vers une poche d'air. Mais pendant ce temps, sœur Anna, restée en surface, reçoit la visite musclée de la félonne Rebecca...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il aura fallu plus de cinq ans au dessinateur Pierre Mony-Chan pour terminer les planches du dernier opus de Cross Fire, pur thriller ésotérique teinté d'action et d'humour scénarisé par Jean-Luc Sala. Pour l'occasion, nous avons tout relu, afin de ne rien louper des révélations auxquelles nous étions en droit de bénéficier. Car dans le registre, les auteurs avaient bien chargé la barque ! Vous vouliez des réponses et des intrigues qui se dénouent ? Vous allez être servis. Dès la première page, Sala commence à expliquer son hypothèse sur les origines du christianisme et la nature du Saint Graal. Rien que ça. Où l'on apprend la survivance des templiers et de l'inquisition, le mystère de la vie éternelle, les racines égyptiennes du christianisme, la curieuse structure architecturale du Vatican... Tout cela se raccorde très habilement sur les sites touristiques authentiques et sur les paraboles véhiculées par le dogme. On aurait presque envie d'y croire, s'il n'y avait de petites doses de fantastique (pourvues par Dositheos et ses sbires), de grosses louches d'aventures rocambolesques (ça rebondit sans cesse, ça combat, ça canarde, ça explose, on ne sait jamais si les morts sont bien morts, ou s'ils ne vont pas rejaillir plus forts qu'avant) et des mégajoules de vannes d'Angelo. Même la relation entre Angelo et Sofia atteint son paroxysme, au moment où... Oups, préservons leur un peu d'intimité. En tout cas, le divertissement est complet, emmené par des nanas qui mettent carrément en valeur leur sex-appeal, pour ne rien gâcher. Il s'adresse aussi bien aux amateurs d'action débridée et joyeuse, qu'à ceux qui recherchent un minimum de fond. Le dessin semble certes un chouya moins abouti que sur les deux-trois précédents volets (on est exigeant...), mais il reste tout de même d'un fort bon niveau. Surtout, on pardonne volontiers l'attente, tant la gageure d'un ultime volet explicatif et intense est remplie. Cross Fire constitue désormais une série terminée, sans doute l'un des meilleurs thrillers ésotériques sur les fondements du christianisme en BD, pour les siècles des siècles. Amen.