L'histoire :
Le premier meurtre a lieu en décembre 1968. Un jeune couple, garé de nuit dans la campagne aux environs de San Francisco, est abattu à coups de révolver par un inconnu. Puis au printemps suivant, une jeune femme et son amant, flingués dans des conditions similaires. Ces assassinats gratuits sont attribués à un serial-killer, auto-baptisé « le zodiaque ». Car ce tueur prévient lui-même des crimes commis et se met à entretenir avec les forces de police et la presse une correspondance en langage codé ! Décrypté, les messages font apparaître un sérieux déséquilibre : « J’aime tuer les gens, c’est tellement plus excitant que la chasse… Tuer me procure plus de jouissance que les femmes… ». Or les rares témoignages, ainsi que l’aspect aléatoire et espacé des meurtres dans le temps, ne permettent pas de faire progresser l’inspecteur David Toshi en charge de l’enquête. Ce dernier interrogera plus de 2500 personnes dans les années 70 et deviendra même célèbre avant de sombrer dans l’alcool. Et le tueur continuera sa macabre besogne sans jamais être inquiété. On lui attribue 37 victimes, mais ce chiffre est incertain. Restez sur vos gardes, aujourd’hui le tueur court toujours…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La nouvelle collection Serial Killer (dirigée par Jean-Luc Istin) proposera à terme de regrouper deux types de récits. Primo, il fera paraître deux one-shots par an, tels que ce premier Dossier tueurs en série, réalisés par des collectifs d’auteurs. Ces dossiers retraceront les biographies des tueurs en série les plus marquants, à partir de faits réels. Secundo, seront également développées des séries de pure fiction (Le code d’Hammourabi, Dolls Killer…), mais cela sera pour une autre chronique. Ce premier Zodiac Killer scénarisé par Fabien David se contente d’aligner les crimes avec la minutie intrinsèque au docu-fiction. Tantôt il est montré la victime dans son quotidien, tantôt le tueur sous des angles inquiétants, tantôt les flics qui pataugent. Quatre dessinateurs (Serge Fino, Dan Popescu, Rodier et Morissette) traitent alors chacun un point de vue. Ce 4 mains est plutôt réussi, avec des styles réalistes qui cohabitent plutôt pas mal. Si les changements sont perceptibles, il est tout de même difficile de savoir qui a fait quoi. Cette homogénéisation graphique doit beaucoup à la colorisation experte de Stambecco. Côté narration, à trop coller aux faits réels, David n’embrasse jamais pleinement son sujet. C’est trop « platement » proche de la réalité pour faire ressurgir l’angoisse inhérente au thriller d’horreur et trop romancé pour être considéré comme du vrai documentaire. Sans doute aurait-il été judicieux de développer la thèse du coup monté par la police, pour maquiller les crimes liés au trafic de drogue (abordée en postface). Mais cette hypothèse est trop récente pour s’imbriquer dans la chronologie du récit. En outre, il n’est jamais explicité le choix de ce nom, « zodiac killer »…