L'histoire :
Fin novembre 1968, dans un coin perdu du Wisconsin, la vie d’un journaliste de presse écrite n’a rien d’éblouissant, surtout lorsque ce dernier est affecté « aux chiens écrasés ». Alors, il fouille, il bidonne, il joue la carte du sordide, du scabreux et le cadre d’un bon petit procès criminel lui offre un excellent terrain de jeu : peu importe qui et pourquoi… Pourtant, ce matin là, lors du réexamen du cas d’un aliéné jugé irresponsable des actes commis 15 ans plus tôt et depuis interné à l’hôpital central de l’état, le sang du journaliste se glace d’effroi : il reconnait dans le box le croque-mitaine de son enfance, Edward Theodore Gein, celui qui l’effrayait à Plainfield… Il faut dire qu’à l’époque, c’est la ville toute entière qui le dégoute, lorsqu’à l’occasion de la chasse au cerf, l’odeur du sang et des viscères de l’animal emplit les rues. Gein fait partie de cette petite communauté qui respecte la tradition. L’enfant, que le journaliste est alors, le rencontre souvent chez Mary Morgan, celle qui tient le bar dans lequel son père échoue souvent. L’extrême froideur d’Ed et ses manières brutales alimentent l’imaginaire des gamins qui, pour devenir des hommes, se lancent d’innombrables défis prenant pour épicentre l’énigmatique fermier : qui pourra lui voler un lapin ou mieux rapporter l’une des têtes qu’il conserve chez lui ? Lorsqu’en 1957 le shérif Schley qui enquête sur la disparition d’une de ses administrées, pénètre dans la demeure de Gein, il assiste à un spectacle que les garnements étaient bien loin d’avoir imaginé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Poursuivant la visite de ce petit musée de l’horreur qui regroupe les plus abominables psychopathes que le monde ait connu, cette Serial-killer jette son dévolu pour ce 4e opus sur Edward Théodore Gein. Celui-là, ce n’est pas le maigre nombre de ses victimes (« normalement » 2) qui lui fit gagner ses galons de meurtrier giga-tordu, mais plutôt la folie de son modus operandi… qu’on vous laissera le soin de découvrir au fil de cette biographie. Sachez que le bonhomme magnait pelle et pioche dans les cimetières aussi bien que le couteau dans la salle à manger ou l’aiguille et le dé à coudre au salon… Pour nous tirer la bobine de ce charmant citoyen, Dobbs utilise un mode narratif proche du docu-journalisme, avec scènes chocs et moult explications sur la psychopathologie du double assassin. Ici, il se sert d’un second procès qui permet à un journaliste, via de nombreux flashbacks et interviews de Gein, de reprendre le récit des événements. Comme pour les autres titres de la série, l’album pêche par l’absence de tension que devrait susciter ce type de sujet : pas d’enquête et donc aucun suspens ; une reconstitution quasi-froide, qui colle trop à la réalité. Les velléités scénaristiques de romancer un chouya sont pourtant là, grâce à ce journaliste (sans nom) qui a vécu dans le village de Gein, enfant. Mais on sent que Dobbs est tenu par un fil (format one-shot / biographie) et doit ne jamais trop s’éloigner des faits. Dommage… Nespolino se sort quant à lui très bien de l’exercice imposé, même si les nombreuses scènes de dialogues ne lui permettent pas de faire exploser son dessin. Il a cependant le talent de coller parfaitement à l’époque et nous gratifie de quelques cadrages sympas. Un ouvrage pour lecteurs amateurs de docu-frissons, plus que de pure fiction cadencée…