L'histoire :
A la mort de sa mère, lorsqu'il apprend que son vrai père est en fait son employeur, qui ne l'a jamais traité qu'avec mépris, Pierre décide d'abandonner la demeure familiale pour se rendre sur la côte. Il prend le train pour Saint Malo, où la récolte de pommes de terre demande une main d'œuvre saisonnière courageuse. La plupart des hommes de la cité bretonne sont partis en mer pour de longues campagne de pêche, laissant les travaux des champs aux ouvriers qui arrivent en masse, attirés par un travail difficile mais bien payé. A la sortie du train, les fermiers viennent choisir ceux qu'ils emmènent avec eux, essentiellement sur la base de leur attitude et de leurs capacités physiques apparentes. Pierre n'a pas été sélectionné en premier, le jeune homme s'étant écroulé en descendant du wagon, complètement ivre après un voyage trop arrosé. Lorsque Jeanne arrive en retard, elle n'a plus d'autre choix que d'emmener un homme qu'elle ne connait pas, mais dont elle espère qu'une fois remis il fournira le travail attendu. Dès le lendemain, Pierre découvre une femme qui mène avec autorité son travail et sa petite famille, en attendant le retour de son homme. Le travail dans les champs peut commencer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est une incursion dans la Bretagne du début du siècle dernier que nous proposent Pascal Bresson et Erwan Le Saëc. En adaptant la série télé d'Hervé Baslé, ils nous plongent dans une région et des familles qui vivent au rythme des campagnes de pêche et du départ des hommes en mer pour de longs mois. Comme toujours avec une saga à thème (celle-ci est prévue en trois volumes), il faut parvenir à instruire le lecteur tout en le tenant en haleine par un suspense supplémentaire, une intrigue dans l'histoire. Cette dernière ne saute pas aux yeux dans la première moitié de l'album, qui reste néanmoins intéressant dans sa dimension de chronique sociale. Elle met en lumière des gens simples dont les existences dépendent durement du résultat parfois dramatique de campagnes de pêches. La qualité du travail graphique de Le Saëc sur les couleurs très réussies d'Axel Gonzalbo participent à cette immersion réussie. Les maisons aux murs de pierre ou les ciels changeants au dessus de la mer sont un décor remarquablement présent, sans pour autant déborder d'artifices de mise en scène. Un travail précis, dont le souci du détail contribue à l'authenticité du récit. Le scénariste met en place les enjeux de son histoire et construit essentiellement la psychologie de ses personnages sur ce premier volume. Seules les toutes dernières pages révèlent ce qui sera l'enjeu dramatique de la série, qui devrait prendre son ampleur dans son deuxième épisode...
