L'histoire :
Moussa est mort. Sa dépouille est là-bas, quelque part, mais le djinn refuse à Djamel le recueillement nécessaire à un presque père. Moussa est parti là-bas et il ne reviendra pas. Le djinn s’est joué de lui. Déjà, en 1908, sur le pont El Kantara, lorsque le garçon aux cheveux blonds n’était pas encore un homme, le mauvais génie avait testé son courage, sa maturité et lui avait fait croire qu’il avait gagné. L’enfant a en effet bien grandi mais peut-être pour le pire et non le meilleur… Quelques années plus tard, Maurice est un beau jeune homme à l’avenir promis brillant. Elève doué de la France, il fréquente la belle Catherine et son frère Philippe, bien nés. Lui, le fils d’un fossoyeur, s’apprête à se fiancer à la plus haute naissance. Il aime Catherine que son compagnon d’études lui à présenté mais l’acceptera-t-elle quand il lui aura avoué le vérité ? Car le mensonge est lourd. Et la conscience de Maurice - tel est le nom de Moussa en société – ne laisse pas tranquille. Le jour de sa présentation à sa belle famille, l’indigène révèle à Catherine le secret de son identité. Son aimée le savait mais pour sa famille cela change tout. La rose laissée sur le banc est un signe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comment traiter de l’actualité en bande dessinée ? Sous l’angle du reportage (exemple : le Photographe), du témoignage ou encore de la fiction ? Farid Boudjellal et Leïla Leïz ont pris leur parti du dernier. Rebondissant sur la figure du Djinn – popularisé notamment par la série éponyme signée Mirales – Farid Boudjellal bâtit un scénario intelligent, mélangeant Histoire et fiction. Si la couverture de ce deuxième tome est noire, sombre, le contenu témoigne, contre un destin contraire, d’une force de caractère et d’un courage volontaire indéniables. Après avoir découvert Moussa lors de sa prime jeunesse, on le retrouve au tournant de sa vie d’homme. La Rupture met en scène la dramatique d’un choix (ou d’un non choix, c’est selon). Epris d’une métropolitaine trop bien née, l’indigène doit y renoncer. Il y retrouvera son identité. Lui, l’élève doué de la France, retrouve ses racines et ses frères et sœurs algériens. Son âme-sœur aussi. Mais alors qu’il sera bientôt père, la Première Guerre Mondiale l’appelle sur le front, à la recherche d’un ami que l’on dit mort… L’intrigue s’énonce donc clairement et offre son lot de rebondissements. La narration s’étirant sur les ans, le lecteur garde pourtant un sentiment désagréable d’extériorité, une distance qui l’empêche d’être pleinement dedans. Le dessin y contribue aussi. Si la patte de Leïla Leïz est esthétique et, par des effets de couleurs, offre une grande luminosité utile à l’ambiance onirique, le trait semble un rien figé. Comme saisi dans le temps, daté. Hadj Moussa est en effet une aventure d’époque ; la série traite cependant bien de thématiques qui nous interrogent aujourd’hui, autour des phénomènes d’acculturation et des métissages…