L'histoire :
Après s’être longtemps contenté de vivre en autarcie et malgré leurs divergences culturelles profondes, les peuples Oldis, Bourouwns et Albinths ont décidé de faire cause commune : trouver l’origine du « Feul », une maladie qui décime leurs clans. Ils organisent, à cet effet, une expédition en amont du fleuve, convaincus qu’une autre ethnie, les Brohms, est responsable de ce fléau. Approchant de l’endroit où le cours d’eau prend sa source, Valnes, Kaliam, BelKiar et leurs compagnons découvrent un village Baudhel ravagé par la maladie. Les villageois qui sont tous atteints par le Feul ont une explication : l’affection mortelle pourrait être liée à la contamination du fleuve par des déchets toxiques provenant de l’exploitation d’une mine de pierres précieuses par les Brohms pour le compte de puissants guerriers. Nos héros n’ont pas le temps de pousser la réflexion bien loin, puisqu’ils sont capturés et emmenés pour servir d’esclaves dans ladite mine. Seuls le jeune Jautry et Kaliam, le chef Bourouwn, ont pu réchapper à la mésaventure. Ils attendent le moment propice pour intervenir et libérer leurs amis. Il leur faudrait faire vite car les conditions de détentions sont difficiles : violences gratuites, viols, travail éreintant et… Feul particulièrement virulent ! Chez certains Brohms un murmure de révolte monte. Servira t-il Valnes et les autres prisonniers ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous couvert d’un récit d’action à dominante d’heroïc-fantasy, Jean-Charles Gaudin et Frédéric Peynet auront avant tout œuvré pour notre éducation : un nécessaire besoin de nous revisser certaines valeurs que notre égocentrisme avait piétiné. L’héritage qui clôt leur trilogie y concourt de la meilleure des manières en offrant pour dénouement une préoccupation bien terrienne et bien actuelle… mais ne dévoilons rien. Outre cet exercice éminemment pédagogique, le scénario fait d’abord la part belle à l’action, fidèle aux meilleurs récits du genre dont Jean-Charles Gaudin est l’un des spécialistes. On en retrouve à nouveau ici tous les éléments : bestiaire fourni, combats usant d’arcs et d’épées, peuples aux us particuliers et aux capacités physiques variées… Mais pour une fois pas de fabuleux trésor à la clef. Seule la volonté de chasser et de comprendre la maladie guide la quête. Au final, l’histoire est loin d’être un conte de fée, le scénario ne ménageant ni les héros, ni le lecteur qui pensait peut-être s’en sortir repu. Loin de fournir une conclusion à l’eau de rose, le récit nous laisse même un peu sur notre faim, en refusant de répondre à bien des questions et laissant planer toutes sortes d’hypothèses (on pense alors forcément à un possible nouveau cycle). Frédéric Peynet nous gratifie encore d’un excellent travail, aussi à l’aise dans les cadrages que dans la transcription des émotions (le surprenant réalisme de la sensibilité des regards, par exemple), conférant à l’œuvre une bonne part de son intérêt. Bref, une série originale, sensible et intelligente, que l’on espère voir faire des petits…