L'histoire :
Après leurs aventures mouvementées, le poète Narvarth et la pilote Granite ont bien mérité un peu de repos. De retour sur leur planète d’origine Nerhof, ils sont accueillis en grande pompe par le Haut Commissaire Nershudil. Ce dernier se montre très intéressé à l’écoute du récit de leurs aventures et curieux de connaître le secret que détient Narvarth pour voyager entre les univers grâce aux trois billes précieuses qui lui servent de clefs. Cependant, nos héros ne souhaitent pas divulguer ces informations pour l’instant, de peur que la Fédération exploite sans vergogne les nouveaux mondes encore vierges de toute présence humaine. Narvarth et Granite peuvent donc enfin vivre leur amour en toute tranquillité. Mais leurs ébats sont de courte durée : un groupe de mercenaires les pourchasse et tente de les enlever. Après une course-poursuite explosive, les deux naufragés sont sauvés par les soldats de la fédération, chargés de les protéger. Granite et Narvarth sont forcés de rester sous contrôle du haut-commissaire alors que, dans le même temps, le Capitol, constitué des Senatores, débat sur le pouvoir de se téléporter dans les autres univers. Décidément, le retour de Granite et Narvarth ne passe pas inaperçue…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un an après ce qu’on pensait être la fin de la série, et qui n’était que la fin d’un cycle, Granite et Narvarth sont déjà de retour ! Après une fin décevante, le lecteur était en droit d’être dubitatif face à ce retour. Et pourtant, le nouveau cycle démarre très bien et redynamise la série. Le prolifique Arleston n’a pas dit son dernier mot et plonge cette fois ses héros dans une aventure autrement plus périlleuse : affronter les manipulations politiques de la planète Nerhof. Ce tome 10 est une merveille de créativité. Une multitude de nouveaux personnages défile devant nos yeux, tous plus charismatiques les uns que les autres : le rusé Haut-Commissaire, le bouillant Senatore Baron Oarklef, le flegmatique Sir Chancelier Neville… Marchant sur les traces du célébrissime Star Wars, Arleston réinvente un monde politique et diplomatique à la sauce science-fiction, mais en gardant à l’esprit le fonctionnement de nos sociétés actuelles. Les « méchants » sont encore plus fascinants, constituant un immense bestiaire impressionnant : les mercenaires et leurs trognes d’ogres, les Mécas imposants, le sadique Fludio (tout droit sorti d’une histoire de vampires), le puissant guerrier Urquarth ou encore le machiavélique Gnosh Ker Murdynthe… Cette longue liste prouve encore, même s’il n’en était guère besoin, le foisonnement imaginatif d’Arleston. Rompu à la narration d’aventure, le scénariste orchestre le tout avec habileté et science du rythme. Rien n’est surchargé, malgré la densité créative et les actions s’enchaînent avec bonheur (on a même le droit à une chasse à l’homme dans une jungle futuriste). De plus, le lecteur retrouve petit à petit les quatre naufragés d’Ythaq (Granite, Narvarth, Krugor et cette peste de Callista), dont le destin finit à nouveau par se croiser. Ce renouveau de la série est aussi largement à mettre au crédit du dessinateur Adrien Floch. Particulièrement inspiré, Floch rend vie aux personnages de façon saisissante : admirez le port noble du Haut-Commissaire comparé à la fureur barbare d’Urquarth ou à la noblesse froide et reptilienne de son excellence Gnosh Ker Murdynthe. Les couleurs de Claude Guth servent à merveille un trait pur et dynamique : certains plans de planètes sont tout simplement magnifiques et totalement dépaysants. Floch joue ici également sur l’effet visuel, avec des cases pleines-planches impressionnants, au sein desquels s’ajoutent des cases pour accélérer le rythme. Le lecteur retrouvera avec plaisir ce qui faisait la force des premiers tomes des Naufragés d’Ythaq dans ce nouveau cycle… en espérant qu’il finisse mieux que le précédent !