L'histoire :
Bragante, celle qu’on surnomme « Première née » car elle fut le premier enfant du « Fondateur », est âgée, alitée et en fin de vie. Elle décide donc, avant de partir, de confier à sa petite-fille Elmire son passé et son histoire. Enfant, Bragante grandit prisonnière dans un périmètre très restreint au sein même du château : le gynécée. Elle assiste alors aux accouchements des nombreuses femmes de son père ogre qui décèdent à chaque fois en donnant la vie. Son père, le Fondateur, veut beaucoup d’héritiers et des mâles, car les filles ne servent, selon lui, qu’à enfanter, alors que les garçons savent se battre et serviront pour la guerre. Or l’ogre n’arrive qu’à faire des femelles et cela le met dans une colère noire !! Ils s’entourent alors de conseiller afin de savoir comment faire des garçons. Finalement, ses nombreuses tentatives finissent par porter leurs fruits et le Fondateur réussit à avoir des fils au milieu de ses nombreuses filles. C’est Bragante qui se charge de l’éducation de tous ses frères et sœurs, tout en se faisant la promesse de ne jamais enfanter, car elle aspire à un tout autre destin. Lectrice assidu, la « Première née » est fortement cultivée. C’est elle qui est à la fois l’intendante, la régente et la secrétaire du château, alors que son père est toujours parti guerroyer. Hélas, la jeune femme assure ses fonctions sans en porter les titres. Elle espère toutefois changer les choses et convaincre son père qu’une femme peut aussi diriger et n’est pas contrainte qu'au rôle de maman.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour le quatrième et dernier tome de la série, le regretté Hubert propose un récit se déroulant avant les précédents et mettant en scène la Première née. C’est l’occasion de découvrir la vérité sur la vie de cette femme qui s’est battue pour que les femmes aient les mêmes droits que les hommes et puissent rêver d’un autre destin que celui de l’éducation des enfants et les tâches ménagères. Ce propos aussi plaisant que d’actualité se déroule nonobstant toujours dans un univers médiéval. Comme pour les albums précédents, ce tome se révèle extrêmement accrocheur mais aussi violent et sombre par moment. Découpée en chapitre, l’histoire est entrecoupée de récit mettant la lumière sur certains personnages, comme l’architecte du royaume, le premier capitaine du Fondateur, ou encore la tante de Bragante. En somme, on retrouve ce qui a fait le succès de la série. Comme une boucle temporelle, cet ultime tome se conclut là où il avait commencé, par le début de Petit, le premier album. Aux dessins, Bertrand Gatignol continue de nous éblouir avec son dessin informatisé, tout en noir et blanc avec des niveaux de gris pour rehausser l’ensemble. Une retranscription graphique digne du grand écran. Si vous ne connaissez pas encore ce conte gothique pour adultes, il est grand temps de vous lancer... Et vous pouvez tout à fait commencer par cet album-ci !