L'histoire :
Le conseil des Pipintus en a décidé ainsi : nos trois amis doivent reprendre du service. Wombat et consorts repartent sur les traces de Luuna dont la tribu a été massacrée par des étrangers venus par la grande mer. Ivre de vengeance, la Paumanok a en effet renoué avec son destin maudit. Afin de châtier les démons blancs responsables de la mort de ses proches, elle est (re-)devenue la Reine des loups, capable de la plus terrible justice (…). Mais l’indienne s’est trompée. Tous les siens n’ont pas péri. La petite Shanook a survécu. Accompagnée de ses trois nouveaux « totems », la jeune indienne se met en chasse de son aînée afin de la ramener dans le droit chemin. Cette dernière, répondant à sa soif de sang « blanc », est arrivée en Norvège. L’hiver règne. D’autres chasseurs la traquent. Nous sommes en 1620 et le noble Henrich von Bruscher rêve d’avoir la peau de celle qui – en un sens – a pris la vie de son aimée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bientôt quatre ans qu’elle s’était faite discrète. Quatre ans qu’elle avait rompu la malédiction de l’Unkui et repris une vie paisible. C’était trop. Retrouvant sa fureur canine, la belle Paumanok renoue le fil de son destin contraire afin de venger sa tribu… massacrée par les Blancs ! Habillement, Didier Crisse introduit en effet l’élément européen – étranger – afin d’étoffer l’intrigue de ce diptyque annoncé. Luuna visite donc le vieux continent et son climat hivernal difficile. De nouveaux décors, de nouvelles perspectives et une nouvelle temporalité. Le scénario offre au lecteur des repères historiques mieux connus (l’année 1620 et l’évocation du fameux navire, le Mayflower, parti coloniser l’Amérique) et joue à marier l’histoire avec la grande Histoire. L’univers exotique – comprenez amérindien – de Luuna s’enrichit de sa confrontation avec celui, éprouvé, de la « civilisation » (sic), lui-même porteur de légendes (telles la bête de Gévaudan ou le mythe du loup-garou). Crisse réussit à élargir l’horizon de sa protégée sans trahir ses idéaux ni dénaturer son identité. Quant à Nicolas Kéramidas – récemment vu sur Les Légendes de Troy – il retrouve avec bonheur celle qui l’a révélé. L’artiste aime visiblement ces horizons nouveaux proposés à son crayon, tant son trait (et sa couleur) n’a jamais paru si affable. De nouveaux personnages (la petite Shanook, le chasseur Henrich von Bruscher, le lapin Nanabozo), une traque au clair de lune, des décors renouvelés (bois, architecture, costumes d’époque), etc. les planches offertes rivalisent de générosité. Un album superbe et dense, comme habité par la présence d’une héroïne qui rentre chez elle, voguant vers Un Ultime combat.
