L'histoire :
Rescapé d'un naufrage, Jihanne vit désormais comme une esclave au sein de la famille qui l'a accueillie, contrairement à ses parents et à sa petite sœur. Elle passe ses journées à vider des poissons et à les placer dans le fumoir familial, tout en veillant la nuit à ce que le feu de l'appareil ne meure pas. Pour oublier sa condition et se tenir chaud également, la jeune fille vole des bouteilles d'alcool et les écluse durant la nuit. Toutefois, un nuit sa vie change. En effet, une tribu orc s'apprête à attaquer son village. Morgath, chef du clan jouant les prophètes, compte profiter de ce futur massacre pour initier son fils Ogoor. Colosse doux et gentil, le jeune orc est muet et refuse de faire le moindre mal à qui que ce soit. Aussi, lorsqu'il croise Jihanne et que son frère lui ordonne de l'éliminer, il ne réagit pas et la laisser filer. Son frangin immobilise tout de même la fille en la blessant d'une flèche dans l'épaule, puis il rapporte l'inaction de Ogoor à son paternel. Morgath entre dans une grosse colère et passe son fiston à tabac. Ensuite, il lui demande de soigner et de veiller sur l'humaine. Enfin, le jour où il le lui ordonnera, il devra l'éliminer sans remords ni pitié ! Quand Jihanne reprend connaissance, elle découvre un orc sensible qui prend soin des oiseaux, loin de l'image sanguinaire qu'on a des culs-verts...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour rappel, cette série-concept rattachée au Monde D'Aquilon (Elfes, Nains, Terres d'Ogon...) met en scène les « méchants » de l'univers dans des mésaventures en one-shot. Pour ce 32e album, le prolifique scénariste Nicolas Jarry s'intéresse à un orc aux antipodes des autres de son espèce. En effet, les culs-verts sont connus pour ne vivre que pour les combats qu'ils assaisonnent allégrement d'un langage cru et grossier. Or Ogoor est non seulement muet, mais également le plus doux des colosses. Sous ses airs un peu niais, l'orc n'aime rien de mieux que le calme et prendre soin des oiseaux. Un profil qui détonne au sein de son espèce, encore plus quand son paternel se la joue prophète voulant exterminer tout ce qui n'est pas orc. Avec ce point de départ original, l'aventure se révèle agréable à lire, car on ressent moins le sentiment de redondance que peuvent provoquer les autres albums. Les quelques clins d’œil à l'événement inter-séries Guerres d'Arran sont également plaisants. Daniel Scalisi se charge des dessins sur base du storyboard de Paolo Deplano. Les personnages principaux sont charismatiques et bien campés alors que les décors, à défaut d'être surprenants, sont de bonne factures. Enfin la cohérence final est signée par les couleurs d'Olivier Héban. Un album plutôt sympathique qui se lit avec plaisir.