L'histoire :
La rencontre de Peter Banning, compagnon d'armes de son père, mort en captivité pendant la deuxième guerre mondiale, permet à Marianne Bell d'entreprendre le voyage en Inde, à la recherche d'un carnet mystérieux que son père aurait légué à un Ghurka (soldat népalais), juste avant de mourir. Marianne compte sur ce carnet pour découvrir si son père a effectivement trahi son pays, et pour lever le voile de mystère qui entoure le souvenir de Simon Bell. Tandis que Peter utilise d'anciens contacts pour tenter de découvrir le véritable passé de Simon Bell, les préparatifs du voyage, puis le périple à travers l'Inde, sont l'occasion pour Marianne de creuser des secrets de famille et de rencontrer de nouvelles connaissances de son père. Elle découvre également que d'étranges phénomènes auraient rythmé la vie de ses ancêtres et de Peter Banning lui-même (une écharpe aux étranges pouvoirs ayant appartenu à son père, des évènements survenus à ses ancêtres). Elle s’interroge aussi sur l’énigmatique cycle de cinq ans et sept mois, qui ponctue les grands évènements de sa propre existence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme dans toute trilogie, ce second volume fait figure de transition. Habilement installée dans le tome 1, l'intrigue nous conduit avec une infinie lenteur à travers chaque étape de la préparation, puis du voyage en Inde. Petit à petit, des secrets sont dévoilés, d'autres apparaissent (tous les protagonistes sont-ils vraiment ce qu'ils semblent être ?). Le voyage en Inde, qui occupe la seconde moitié de l'album, est l'occasion d'une balade presque touristique parmi les plus belles villes du pays, que l'auteur-dessinateur-coloriste Bruno Marchand a visiblement pris plaisir à reproduire. Le classicisme affiché dans le premier tome est ici complètement assumé, et les dialogues, voix-off et encadrés narratifs nous installent dans le pur style classique de la BD franco belge des années 50-60, avec des références multiples aux classiques du genre (les noms des magasins parisiens ou sur les bâches des camions évoquent Franquin ou Tillieux). L'ombre permanente de la référence absolue Blake et Mortimer plane également sur le récit (un Mortimer avec pipe et imperméable traverse la Gare de Lyon à la planche 16). On imagine que d'autres références cachées pullulent dans cet album… avis aux amateurs. Le récit s'étire ainsi avec une lenteur peu habituelle, mais visiblement délibérée. Les efforts déployés pour imposer ce rythme particulier à l'album nous conduisent à des scènes de plusieurs pages étrangement étirées (6 pages pour décoller d'Orly et atterrir à Calcutta… c'est beaucoup). Mais l'effet désiré est là, et on se trouve pris dans cette intrigue pleine de mystères, dont on attend des retournements inattendus. On se laisse emporter dans un album bien construit, d'une grande lisibilité, et d'un classicisme digne des bons Lefranc de Martin/Chaillet. Une touche de modernité pointe toutefois dans la psychologie des personnages et dans les cases sans dialogue dont l'auteur raffole (un paysage de ville, le visage pensif de son héroïne). A mi-chemin entre l'exercice de style et une œuvre très personnelle, ce deuxième tome confirme la qualité de cette trilogie en devenir, nous laissant néanmoins sur notre faim, impatients de découvrir le dernier opus qu’on espère riche en révélations, voire en surprises…