L'histoire :
Zoe Favre est une étudiante envoyée par sa famille parisienne à la campagne durant la guerre. En juin 1940, à l’heure ou la déroute de l’armée française n’est plus un secret et que le gouvernement, ainsi que les généraux responsables du chaos, s’exilent vers le Maroc, les colonnes de prisonniers défilant à pied vers les camps de prisonniers en Allemagne ne cessent de s’allonger. Zoe, en échange d’une caisse de vin, va permettre aux prisonniers de boire un peu d’eau et de se restaurer avec un simple morceau de pain. Elle vient pour la première fois de mettre un pied dans la résistance. Dans sa lancée, elle va organiser la fuite d’un petit groupe de soldats français vers la zone libre. Le héros des tranchées verdunoise de la 1ère guerre mondiale, le maréchal Pétain, soutenu dans sa prise de pouvoir par le politicien Laval, s’apprête à sonner la reddition et donner les trois cinquièmes du territoire français à l’Allemagne nazi. Sous l’occupation, de retour à Paris, Zoé intègre l’université et se sent impuissante face à la désinformation du pouvoir en place. Elle apprend grâce à une vieille radio TSF que, de l’autre côté de la Manche, le général De Gaulle lance un appel à la Résistance. Elle va profiter du réseau étudiant pour tenir informés les étudiants parisiens à travers des tracts de propagande avec les nouvelles de la France Libre. L’occupant souhaitant une mainmise totale sur le peuple français va lancer sa redoutable Gestapo aux trousses du groupe d’étudiants. Ce jeu du chat et de la souris s’annonce inégal...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le concept de série dessinée à plusieurs mains n’est pas nouveau. Le maitre de l’intrigue, Stephen Desberg, avait jadis surpris son monde avec la série Empire USA. Ce concept, à première vue intéressant, avec une sortie des albums à un rythme soutenu, est en parti contrasté par le fait que les lecteurs ont plus ou moins d’affinités avec le trait proposé par l’un ou l’autre des auteurs. De plus, l’une des principales critiques de la série était que les protagonistes étaient peu reconnaissables selon le coup de patte du dessinateur. Pour le moment, dans le cas de la série Une génération française, le personnage principal a toujours changé avec le dessinateur. Le prochain tome permettra de juger si la collaboration de plusieurs dessinateurs est préjudiciable à l’histoire ou non. En rebondissant sur l’histoire, le scénario de Gloris pour ce dernier opus est intéressant. Il retrace avec intérêt la manœuvre politique habile de Laval pour mettre Pétain à la tête du pouvoir, mais aussi la Résistance estudiantine et la vie parisienne durant la période d’occupation. Malheureusement, Gloris se cantonne dans cet album à mettre en place un long récit historique, effaçant quelque peu l’intérêt du personnage de Zoé. Notre résistante manque cruellement de charisme et les rebondissements de la narration sont trop peu nombreux pour donner du relief. De son côté, le dessin n’aide pas vraiment le scénario. Le trait semi réaliste d’Ana Luiza Koehler, tout en rondeurs, déforme passablement les visages qui finissent en forme ovoïde. Même si les émotions passent à travers les traits, le dessin général des grandes cases manque cruellement de détails en laissant une impression de flou. Cet opus marque un petit essoufflement dans ce milieu de série qui compte trois albums supplémentaires. En espérant que dans le prochain tome, le scénario mette plus en avant les personnages que le contexte historique, pour redonner un coup de peps à cette série qui en a grand besoin !