L'histoire :
Le 21 décembre 1989, alors que Ceausescu veut s’adresser au peuple roumain, il est hué par la foule et exfiltré. Dans la foule, justement, une jeune femme est droguée et enlevée par ce qui semble être des barbouzes. Jeune, la petite Irina reçoit une tête à coiffer, avec des cheveux à couper et à allonger, mais sa mère récupère le papier pour le réutiliser, ainsi que le cadeau pour ne pas l’user. Mais avant ça, Irina a récupéré un nœud rose qu’elle met le lendemain dans ses cheveux pour aller à l’école. La maîtresse la gronde et lui reproche cette entorse au bon goût socialiste, prenant le portrait d’Elena Ceausescu à témoin. Elle confisque le nœud à Irina qui le retrouve le lendemain… dans les cheveux de la fille de la maîtresse. Quelques temps après, alors que l’école s’apprête à célébrer le retour d’Elena Ceausescu dans sa ville, Irina profite d’un moment d’inattention pour décorer les portraits fabriqués en l’honneur des dirigeants. La maîtresse se décompose… Quelques jours après, à la télé, on voit Elena Ceausescu avec le nœud rose d’Irina dans les cheveux. Bien des années plus tard, après son enlèvement, Irina se retrouve menottée dans un couloir avec Nicolae...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la fin des années de tyrannie qu’ont subi les roumains sous le joug des époux Ceausescu, l’Europe s’est aperçue de l’horreur d’un régime absurde, devenu complètement fou. Aurélien Ducoudray, ancien reporter, met en scène des profils complètement loufoques arrêtés par la Securitate : une jeune femme qui, enfant, s’était vengée de sa maîtresse, un écrivain poète dont la machine à écrire ne produit que des points d’interrogation à la place des points d’exclamation à la gloire des leaders, un clown, un jeune homme recalé à la Securitate car il n’a pas assez de vocabulaire scatologique… Les portraits s’enchainent de manière drolatique, dans des chapitres courts et rythmés. Ils viendront toutefois donner un éclairage clownesque à un morceau d’histoire tragique, voire trivial. L’album se lit bien, grâce au trait épais et très simple de Gaël Henry. Le récit est bien mené et mélange les styles. Ce morceau d’Histoire, sanglant et grotesque, raconté sur un ton badin, fonctionne.