L'histoire :
Blessée à l’arme à feu de manière critique, l’écrivaine Mara est dans les vapes. Dans son délire, elle a les cheveux longs et évolue dans un monde onirique et cosmique où elle retrouve ses parents et des tortionnaires. Ces derniers la pendent nue par les chevilles, la tête en bas et lui font subir divers sévices : fellation, fouet… Entre deux actes sexuels ou actes de tortures, Mara discute aussi avec une femme rousse en nuisette. Petit à petit elle parvient à prendre conscience que celle-ci est la mère de la jeune Elisa, qu’elle a emmenée sur l’île d’Elbe avec elle. Cette femme l’amène à se rebeller contre son sort et ainsi à se sortir peu à peu de son coma. Pendant ce temps, la jeune Elisa est elle aussi prisonnière, mais dans le monde réel. L’infâme Antonioni la maintient droguée et attachée nue sur son lit, pour en faire son esclave sexuel. Il ne la détache que lorsqu’elle est imbibée de tétradyzone et donc totalement soumise et paralysée. Mais tandis qu’il la prend dans toutes les positions, l’esprit d’Elisa vagabonde et ne trouve aucune solution à cet enfer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En général, quand on se prend 6 balles de révolver dans le buste et la carotide, on ne s’en relève pas. Surtout quand ça arrive dans une cambrousse insulaire… Et bien Mara, si ! Elle s’en sort avec quelques pansements et pas mal de culot. Entre temps, dans son monde intérieur onirique qui sépare le rêve de l’au-delà, elle a quand même eu le temps d’être le sujet à des délires érotiques et… sanglants. Cosimo Ferri continue d’autre part d’allier le sexe et la violence avec le sort réservé à la jeune Elisa, attachée, droguée et soumise à des viols répétés. Il reste curieux et dérangeant d’espérer susciter l’excitation chez le lecteur – la finalité première du registre porno-érotique, non ? – à partir de scènes de viols infects ou de l’hémoglobine gratuite. C’est pourtant le credo pris par l’artiste italien, qui se révèle assurément meilleur dessinateur que scénariste. Son dessin ultra-réaliste en couleurs directes pourrait véritablement transcender n’importe quelle histoire, pourvu qu’elle soit a minima respectable. Dommage que le scénar porno-ésotérique de Mara soit franchement baroque et inepte. Le grand-guignolesque culmine à la planche 31, lorsqu’une théorie scientifique convoque la résurrection du Christ et justifie les besoins de sang par hectolitres pour expliquer l’imbroglio complotiste dans lequel surnage l’héroïne. Les hétéros mâles « normaux » se contenteront peut-être de la trop courte scène lesbienne « normale » en fin d’album.