L'histoire de la série :
Los Angeles, de nos jours. Ils sont quatre quidams dans le besoin, à avoir reçu une mystérieuse enveloppe. A l’intérieur, ils trouvent chacun une photo, un flingue, 10 000 dollars et la promesse de toucher carrément un million s’ils butent la personne du cliché. Ils ignorent qu’ils forment une boucle machiavélique : Henry doit tuer Rachel qui doit tuer Moses qui doit Tobey qui doit tuer… Henry. L’appât du gain aura-t-il raison de leur morale ? Qui tire les ficelles de ce funeste jeu ? Et pourquoi ?
L'histoire :
Le sénateur Cooper, candidat à l'investiture républicaine pour la présidence, est un fervent défenseur des valeurs morales les plus conservatrices. Au cœur de sa campagne électorale, il continue pourtant de s'offrir les services de jeunes prostitués masculins, sous le plus grand secret. Mais le soir où il emmène dans sa chambre d'hôtel un jeune homme nommé Alex, il commet une double erreur. Non seulement Alex a été surpris par un journaliste freelance amateur de scandales, mais par ailleurs le jeune homme n'a qu'un objectif : tuer Cooper. Lorsque le jeune homme serre autour du cou du sénateur le lacet de sa chaussure, le garde du corps surgit dans la chambre et sauve in extremis la vie de l'homme politique. La mécanique infernale est enclenchée : Alex veut tuer le sénateur, qui veut tuer Stephen, un photographe de mode. Stephen veut tuer Kathryn la chirurgienne, qui elle-même vise Alex, le jeune déliquant. Derrière ces quatre destins se cache un grand manipulateur, personnage diabolique qui promet à chacun une récompense s'il accomplit un meurtre. La guérison d'un de leurs proches gravement malade, incurable par la médecine traditionnelle. Et Cooper comme Stephen, Kate comme Alex, ont vu de leurs propres yeux le pouvoir de guérison du mystérieux commanditaire, l'espace de quelques instants, le jour où ils ont conclu le pacte diabolique. Pour chacun d'entre eux, quelle que soit la vie qu'il mène, quel que soit son statut dans la société, le deal est clair. La vie d'un inconnu contre la vie de celui ou de celle qu'ils aiment par dessus tout...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A ceux qui croyaient que le premier cycle des Enchainés avait épuisé les ressorts de l'intrigue, Joël Callède impose un brillant démenti. Ce nouveau cycle est tout aussi passionnant, excellant dans le suspense et les intrigues croisées. Alors que la fin du quatrième album laissait entendre que le mystérieux personnage devait être le diable en personne, ce second cycle ne cherche pas à approfondir cette question. Il met en revanche en scène une Amérique exposée à ses contradictions, des personnages forts au cœur d'une société contrastée, qui font de cette série un petit peu plus qu'un simple polar. Il y a une vraie question posée derrière ces personnages ordinaires obligés de voler une vie pour retrouver un de leurs proches. Leur humanité reste intacte, le lecteur est proche de chacun d'eux à tour de rôle, même du sénateur antipathique lorsqu'il envoie de doux sms à sa fille malade. Remarquable questionnement sur ce dont chacun de nous serait capable si la vie de nos proches était en jeu. Suspense orchestré au millimètre et à la case près par un scénariste qui se fait un nom dans le polar sombre. Le plaisir de lecture est renouvelé, la seule différence notable avec les 4 premiers albums de la série étant le changement de coloriste pour les dessins de Gihef. Le travail de Cerise donne à cette nouvelle saison une profondeur supplémentaire, même si la mise en images répond ici essentiellement à des besoins d'efficacité. Il n'y a qu'à voir les ciels bleus emplis des mêmes nuages « informatiques » dans toutes les scènes extérieures de l'album. Pas de quoi en faire une fixation, l'essentiel est ailleurs. Mais ce n'est pas dans Les Enchainés que vous trouverez les superbes scènes de pluie à la William Vance (XIII), ou les splendides paysages urbains de Philippe Francq (Largo Winch). Callède et Gihef font dans l'efficace, et ça marche !
