L'histoire :
Anna est une jeune serveuse de restaurant dans le Harlem des années 20. Métisse née d'un père blanc, elle vit avec ses oncle et tante, ses parents ayant disparu dès son plus jeune âge. Fascinée par l'enthousiasme que suscite l'arrivée du jazz dans les clubs qui pullulent à Harlem, la jeune femme s'échappe plusieurs nuits par semaine pour aller partager avec ses amis les joies d'un bouillonnement créatif incomparable. Insouciante et libre, peu soucieuse de sa couleur de peau « pas assez blanche pour les uns, pas assez noire pour les autres », elle se heurte pourtant à l'intransigeance des blancs qui lui interdisent l'entrée des musées, ou de ses « frères » noirs qui parfois regardent d'un mauvais œil son ouverture d'esprit. Un jour, pourtant, alors qu'elle lit un article de journal pour sa grand-mère aveugle, cette dernière ne peut retenir son émotion à l'évocation du nom de Clarence Whitmore, chasseur de fauves porté disparu lors d'une expédition en Afrique. L'heure des révélations a sonné pour Anna, qui voit sa vie bousculée en apprenant que son père est le richissime héritier d'une plantation du Mississipi, et qu'il est peut-être encore vivant, quelque part sur le continent noir. Le quotidien de la jeune femme va alors prendre une autre tournure, obsédé par les questions qui se posent sur ses origines...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quel beau développement pour le scénariste Joël Callède, qui réalise ici son premier vrai grand album classique. Ce début de série exhibe plein de grands et beaux sentiments, appuyés sur un contexte historique fort, riche et documenté. Le Harlem des années 20 est un univers fascinant, habité par des artistes incroyables et des bandits du pire accabit. Anna, jeune et belle femme pleine de sentiments purs, accroche le lecteur dès les premières cases. Personnalité charmante et touchante, pleine de volonté, elle prend vie dès les premiers coups de crayon, ce qui est le signe d'un vrai travail par les auteurs. Joël Callède est en effet très efficacement épaulé par son compère Gaël Séjourné (ensembles, ils sont déjà co-auteurs de Tatanka) qui franchit ici un nouveau cap graphique. Ses cases sont riches et belles (les rues de Harlem en plein soleil ou à la lumière du soir), les visages expressifs et très personnels. Une saga se construit alors devant nos yeux, dans la lignée des grands succès réalisés par le maître absolu qu'est Jean-Pierre Gibrat, dont l'esprit plane sur cet album aux couleurs magnifiques. On plonge sans état d'âme dans cette grande aventure romantique et humaine, menée sans temps mort, attendant avec impatience le contact annoncé avec le continent des origines de l'homme.