L'histoire :
1945. Los Angeles bat au rythme de l’Age d’or d’Hollywood. La machine à rêve s’emballe alors que la seconde guerre mondiale vit son épilogue de l’autre côté de l’Atlantique. Anthon’, lui, carbure au Jack Daniel’s. Il est tellement imbibé qu’il voit des rats partout. Il sort son flingue et tire à tout bout de champ. Il finit par s’effondrer sur la moquette moelleuse. Il se souvient…
1937. New York. Six années ont passé depuis les évènements d’Hells Kitchen à New York. Anne est désormais unie à la famille de Bugsy par l’enfant qu'elle a eu après un viol. Anthon' honore sa promesse de veiller sur elle : il continue à travailler pour celui qui a causé leurs malheurs. Mais il veille au grain et cherche le moyen de la tirer de là.
New York a changé. La prohibition est abolie et ses trafics aussi. Mais un autre vice a le vent en poupe : les tables de jeu ! Madame Queen, la concurrente du clan de Bugsy, convoite Anthon'. Elle lui propose de travailler pour elle. Et si c’était l’occasion de rafler la mise et d’obtenir sa liberté et celle d’Anne. Ou plutôt le risque d'être à nouveau le jouet du destin ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La Cuisine du diable était une saga particulièrement savoureuse – quoiqu’un poil frustante dans son épilogue – à plusieurs égards : une narration enlevée, qui réinventait le conte du Petit Poucet à la sauce mafia, un scénario sacrément documenté et nourri, un coup de crayon tranchant, des couleurs sombres entre le prune, le chocolat, le noir et le vert glacé… Avec La poussière des Anges, Marie et Karl T. remettent le couvert. Ici, le Petit Poucet (Anthon’) est toujours fidèle au poste, prêt à tout pour qu’Anne (Blanche Neige) quitte cet enfer. Cette suite laisse toutefois un goût d’inachevé (mais attendons de lire la suite pour avoir un jugement définitif). Le scénario fourmille comme à l’accoutumée de références aux films noirs des années 30-40 (Scarface, pas le remake avec Al Pacino, mais l’original d’Howard Hawks avec James Cagney). Damien Marie possède un sens aigu du rythme narratif. Il distille le suspense avec des mots toujours aussi percutants. Mais il manque un souffle épique à l’ensemble pour qu’il prenne une autre dimension. Le dessin de Karl T. est toujours aussi statique dans les scènes d’action. On a du mal à distinguer les différences physiques de chacun des personnages. Dommage, car s’il prenait davantage de riques, il est certain que l’ensemble deviendrait une référence en matière de polar BD. Espérons que Cendres, le second volet, passe à la vitesse supérieure pour faire mentir ces critiques, car l’idée de départ est toujours aussi excellente !