L'histoire :
Au XIIe siècle, l’hiver a recouvert la région d’Eyglières, dans le sud de la France, d’un épais manteau de neige. Le seigneur Bertran est impatient d’accueillir le nouveau maître bâtisseur qu’il attend depuis des semaines, pour finir son « abbaye nouvelle » (d’inspiration architecturale gothique). Il a alors la surprise devoir arriver une jeune femme, Margot Saint-Benoist, fille du maître attendu ! Qu’à cela ne tienne : celle-ci présente toutes les compétences ainsi que les recommandations de ses pairs. Dès la première visite de chantier, on sent bien que l’idée d’une direction féminine heurte les tempéraments misogynes des ouvriers… Mais Margot froisse aussi le conservatisme d’Anne, la sœur de Bertran, quelque peu jalouse de voir son frère sous le charme de cette jeune femme « savante ». Margot se met à l’œuvre rapidement, et se montre convaincante dans son savoir-faire. Elle redessine les plans du précédent maître bâtisseur, Savier, décédé dans un étrange accident, et construit une splendide maquette miniature de l’abbaye. Margot sympathise également avec Jehane, la fille de l’aubergiste, bêtement considérée comme « la fille du diable » en raison de ses cheveux rouges. Bizarrement, durant les travaux, la jeune architecte a aussi parfois des vertiges, durant lesquels elle assiste à des scènes atroces de torture. Et puis un beau matin, on retrouve un ouvrier atrocement mutilé et pendu par les pieds au cœur de la nef en construction. Son ventre a été lacéré de signes sataniques, sa boîte crânienne ouverte et vidée de son cerveau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ambiance Nom de la rose, pour ce nouveau thriller médiéval instructif, mais aussi ésotérique. Au générique du diptyque prévu, le scénariste Michaël Le Galli ne se contente pas de poser les bases d’une intrigue piquante : il plante surtout de surcroit un contexte médiéval très réaliste. En effet, à l’exception des dialogues contemporains (l’usage de l’occitan ou langue d’Oc, n’aurait guère été compréhensible…), les usages, les mœurs et les croyances de la vie rurale semblent ici respectés à la lettre, d’un point de vue universitaire et historique. Ainsi, en ces temps farouchement rétrogrades, une femme architecte était une hérésie et celle à la tignasse rousse, ne pouvait qu’être la bâtarde du démon. En outre, Le Galli parsème son intrigue d’enseignements didactiques sur la lente édification d’une abbaye gothique au XIIe siècle. Ou comment joindre l’utile à l’agréable ! Car sur son joli dessin en couleurs directes, la dessinatrice Marie Jaffredo insuffle une ambiance austère et oppressante à souhait, que renforcent les rigueurs de l’hiver. Le décor extérieur est logiquement désolé, les entrailles des bâtiments en pierre n’inspirent guère la chaleur… ni la confiance. A quoi sont dus les horribles flashs vécus par l’héroïne ? Qui est le meurtrier des ouvriers ? Qu’est-il arrivé au précédent maître bâtisseur ? Le gros du mystère reste à être dévoilé dans le second épisode de ce polar moyenâgeux aux relents sataniques…