L'histoire :
Au XIIe siècle, l’édification de l’abbaye d’Eyglière, dans le midi de la France, est perturbée par une série de meurtres rituels : des corps des ouvriers sont régulièrement retrouvés atrocement mutilés sur le chantier. Cet hiver là, Margot Saint Benoît, la jeune femme architecte de l’ouvrage, c'est-à-dire la « maître bâtisseur », mène sa petite enquête tout en étant troublée par des cauchemars horribles. Elle n’est pas rassurée par l’arrestation inique de Guilhem, un ouvrier simplet qu’elle croit innocent des crimes. Mais elle se réjouit de l’arrivée de ses compagnons ouvriers-artisans, en qui elle a toute confiance. Grace à eux, le chantier peut reprendre. Soutenu par son ami Tegwen, Margot ose alors parler de ses investigations à Messire Bertran, le seigneur des lieux et frère de la future abbesse, Blanche. Car avec l’aide de Jehanne, la fille de l’aubergiste, Margot a trouvé l’entrée d’un souterrain qui mène à l’autel des sacrifices, dans une grotte. Elle sait désormais que les meurtres ont de grandes chances d’être perpétrés par la « Lige de Bormanus », une confrérie secrète elle-même liée à l’évêque qui a autorisé la construction de l’édifice…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin d’un polar médiéval teinté d’ésotérisme, clairement inspiré des romans de Ken Follet (Les piliers de la Terre) et d’Umberto Eco (Le nom de la rose). Dans ce second volet, le dénouement de l’intrigue générale se révèle un peu décevante par sa normalité et son manque d’audace. Surtout, le récit n’est ni totalement limpide dans sa logique (mais pourquoi sont-ils si méchants ?), ni à travers la psychologie des personnages (le repenti de Blanche…). Enfin, elle laisse un petit goût d’inachevé, non pas parce que la conclusion reste ouverte, mais en raison de l’abandon de la piste ésotérique qui faisait tant fantasmer. Pour en terminer avec son enquête, la héroïne Margot s’expose, se fait piéger et s’en sort par une pirouette moyennement convaincante. On note aussi l’absence des petites infos didactiques sur l’architecture et l’édification d’un tel bâtiment… Quelques partis-pris narratifs curieux appellent également des questions. Notamment, pourquoi neige t-il tout le temps dans ce midi de la France du XIIe siècle, en dépit des avancées évidentes des travaux dans la durée ? Certes, le tapis de neige confère une ambiance mortifère, doublée d’une symbolique forte, sans compter que cela facilite grandement le dessin et la lisibilité… Sur ce plan, Marie Jaffredo garde la régularité et le cap de la couleur directe, pour des planches ocre et grises au rendu « velouté ». C’est toujours très agréable à l’œil, même si on regrette la multiplication des plans rapprochés sur background dépouillé et la parcimonie des jolis plans d’ensemble de l’église en construction...