L'histoire :
1942. James O'Brady pilote un B-17. Si son paternel a trahi son pays, préférant s'allier aux nazis pour assurer la fortune de son industrie basée sur l’acier, son fils, lui, est un vrai patriote convaincu que l'Allemagne nazie incarne le Mal absolu. Après une passe d'arme dantesque, son bombardier est frappé par la foudre. Le crash est terrible, mais le pilote s'en sort miraculeusement. Le hic, c'est qu'il se réveille en étant persuadé qu'il est Hans Raeder, pilote de la Luftwaffe. Livré à lui même et incorporé dans une armée qu'il considère comme étant celle de son ennemi, il ne sait pas s'il est fou ou victime d'une malédiction...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'Aigle à deux Têtes est une série qui porte bien son nom, puisqu'elle se décline sous la forme d'un récit choral : Eagle pour le côté américain et Adler pour l'aspect allemand. Quel intérêt, nous diriez-vous ? Hé bien l'astuce est là : après qu'un éclair a traversé de part en part le chasseur et le bombardier, respectivement pilotés par le nazi et le libérateur, ceux-ci connaissent un switch de personnalité, comme si leurs cerveaux avaient été échangés ! Ici, on suit donc le destin de James O'Brady, un vrai brave mec dont la psychologie obéit désormais à celle d'un fieffé salaud de nazi. Durant la première partie de l'album, on le voit gagné par la confusion, mais bien vite, ses penchants violents se réveillent, comme le pendant naturel de son machiavélisme. Puis le contexte se déplace en Afrique du Nord, théâtre de vastes opérations de guerre. L'enjeu géostratégique, l'exploitation des ressources énergétiques, est mis en avant et offre aussi à Julien Camp la possibilité de travailler sur de superbes décors. On peut en effet noter le soin que le dessinateur y accorde, ce qui contribue largement à l'immersion du lecteur. Une mention spéciale à ses couleurs, qui participent aussi à planter les ambiances : la première scène, un flashback durant la Première Guerre Mondiale, où le rouge est omniprésent, donne le tempo au reste de l'album : accrochez-vous, c'est la guerre !