L'histoire :
En juin 1929, le groupe de jazz Cocoa Kids débarque à Berlin. L’accueil n’est pas vraiment très subtil de la part du promoteur… Les américains découvrent en effet de véritables caricatures d’eux-mêmes, du fait de leur couleur de peau, noire. Silvia, quant à elle, erre dans les rues et cherche Otto Schmidt, celui qui a amené sa mère à s’engager pour le mouvement communiste. Quand elle le retrouve enfin, la jeune fille se jette sur lui et le frappe. Elle ne se remet pas de la mort de sa mère, tuée par les forces de l’ordre. Une commission d’enquête est d’ailleurs tenue à ce sujet à Berlin et les participants ou témoins des scènes témoignent. Mais est-ce que cela aura une véritable portée ? Depuis qu’ils sont ensembles, Marthe et Kurt vivent d’un amour passionné. Le journaliste recueille auprès de nombreuses personnes leurs avis sur ce qui a pu se passer, il y a seulement quelques jours. L’étudiante en art l’accompagne et fait des portraits de ceux-ci. Alors que leur relation est au beau fixe, Kurt présente à Marthe son ex-compagne, une femme aux pratiques libertines qui va semer la zizanie dans le couple et provoquer des situations irréversibles.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’attente interminable pour découvrir la suite du fantastique roman graphique de Jason Lutes est enfin satisfaite ! A la sortie de l’unique premier tome au Seuil, on aurait pu croire la série maudite… mais lorsque Delcourt le ressortit en avril 2009, l’espoir renaissait… et la suite était attendue avec fébrilité. Reprenant directement l’histoire après les événements tragiques du volet précédent, à savoir les émeutes mortelles lors d’une manifestation communiste réprimée par les nazis, nous retrouvons la pléthore de personnages. D’un côté, Silvia doit survivre dans un monde où sa mère n’est plus ; son père est à la solde des nazis qu’elle déteste ; elle n’a plus de lieu où vivre. Pour Kurt et Marthe, leur couple continue de s’épanouir mais pas pour longtemps : les appels de la décadence berlinoise vont finir par poser de nombreux problèmes. Jason Lutes tisse son récit de manière subtile… On suit la montée en puissance des nazis, l’opposition presqu’inutile des communistes, le racisme ambiant, une population déconnectée de la réalité (entre concert et abus en tous genres) et une autre qui survit tant bien que mal. Le cadre de la ville de Berlin est toujours aussi bien mis en images par un dessinateur appliqué, dont le trait se rapproche de la ligne claire si appréciée de notre patrimoine bédéphile. La cité des pierres était instructive, Ville de fumée se veut captivante durant ses 8 chapitres et nous place de nouveau dans la position fébrile d’attente du dernier tome. Une série que les amateurs d’histoire se doivent de posséder dans leurs bibliothèques.
