L'histoire :
Insomniaque, Jacob Kurtz se rend dans son bar favori au beau milieu de la nuit car il n’arrive ni à dormir ni à travailler. Lui qui pensait être seul, a la surprise d’y trouver un couple. Se mettant à parler fort, le type frappe la jeune femme, Iris, qui s’enfuit juste après, alors que le serveur est intervenu. Jacob s’éclipse lui aussi car il déteste la violence. Mais alors qu’il prend la route pour son domicile, il croise la fille faisant du stop et s’arrête. A peine est-elle montée qu’elle tombe inconsciente sous les effets de l’alcool. Jacob la ramène logiquement chez lui… il pense bien faire… mais à peine se réveille-t-elle, qu’ils commencent à faire l’amour. Plus tard, lorsque Jacob se réveille, il découvre qu’Iris a fouillé un peu partout chez lui. Sans savoir pourquoi, il lui avoue être un ancien faussaire, qui a été accusé (à tort) du meurtre de sa femme, morte dans un accident. La jeune femme ne panique pas pour autant et prend une douche. Croyant bien faire, Jacob part acheter café et gâteaux pour le petit déjeuner. A son retour, plus d’Iris, mais le sale type qui était avec elle au bar…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le duo Ed Brubaker-Sean Phillips confirme qu'avec le poids des années, leur collaboration devient une évidence, une de celle capable de produire régulièrement des titres à couper le souffle. Si on a apprécié l'univers et l'originalité de Sleeper, Criminal fait encore plus fort. Dès le premier tome, la série s'est posée comme l'un des polars les plus passionnants à lire. Les tomes suivants ont confirmé ce postulat. La première bonne idée du scénario, est qu'on suit un nouveau personnage à chaque tome (hormis le troisième volet, qui en offrait trois). La particularité est que chacun est relié à l'autre d'une façon ou d'une autre. Dans le présent Putain de nuit, le héros Jacob Kurtz est le dessinateur de la bande dessinée Frank Kafka le privé, apparaissant dans les précédents épisodes. Celui-ci n'a pas vraiment eu de chances dans la vie : sa femme meurt dans un accident de voiture, il est considéré comme coupable potentiel par un inspecteur, puis devient handicapé (vous lirez pourquoi et comment). C'est donc un personnage totalement désabusé qui voit le cours de sa vie basculer, en se rendant un soir parmi tant d'autres dans un bar. Ajoutez à cela des flics véreux, du sexe et des meurtres… et vous retrouverez une ambiance digne des romans de James Ellroy. Visuellement, Sean Phillips assure une prestation impeccable, à la noirceur parfaite. L'atmosphère pesante de l'histoire est enrichie d'un visuel hors pair ! A l'instar des précédents, ce tome est absolument excellent, peut-être même le meilleur. A l'instar du bon vin, Criminal s'affine et se bonifie. Vivement le prochain cru !